… J’ai lu le journal d’Oleg en bas, allongée au bord d’un petit ruisseau tranquille, qui coulait en sortant d’en dessous de la langue surplombante du glacier de l’Elbrous. Presque toutes les pages étaient gâchées par l’eau – en traversant à pied un petite rivière montagnarde je n’avais pas bien calculé mes forces, le courant m’avait donc fait tomber en entraînant avec lui, heureusement, Andreï m’a accrochée, maintenant on allait se poser par là pour une journée, le temps que tout sécherait. C’est étonnant – quelle puissance possède une petite rivière de montagne qui a l’air si faible! Cependant, je pouvais discerner quelque chose dans le journal.
«ça pue, chaque seconde, dans chaque pensée, tellement tout est pourri, cet enfant radote «attends un peu, c’est raisonnable portant – de rester encore un mois au Mexique, au chaud et dans l’abondance, et après on peut rentrer». quel connard! ce petit mois est comme la dernière brique dans la prison qu’il m’a construite. il a bouché chaque petite fissure, mis du plâtre, planté des fleurs en dessus, bâtard, tout est si beau et lisse, que non seulement moi mais les autres aussi s’y plantent – chacun qui a touché cette merde, a dit tôt ou tard que qu’il y avait quelque chose de pas bien par là, ce n’est pas des fleurs qui y poussent, ni des travaux laborieux qui s’y déroulent. il y a quelque chose dans la cave –quelque chose qui pue et pourrit. Pourtant ses grosses mains rampent de la cave, les pensées sortent, et il dit «mais ça vas pas, tout est très bien! vous vous trompez. et toi, mon maître, tu te trompes, personne n’a rien vu». et ensuite, avec ses grosses mains il me force de boucher ces petits troues, desquels il puait, avec une autre couche de plâtre, de planter de nouveaux semis en dessus.
et lui, enfoiré, est composé que des peurs. prendre des décisions? aaaaaaaaaah, non. accomplir des actes? nooon! . tout va très bien! regarde toi-même – les fleurs poussent.
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putain, je ne peux plus continuer comme ça! il sort par tous les troues, ce petit enfant pitoyable puant vindicatif et agressif, chaque pensée et acte en sont remplis.
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tout ce que je faisais ici n’était que la construction de la prison, d’un doux sépulcre, l’enterrement d’un vivant. encore un petit caillou,encore une petite brique, encore une couche de plâtre, et le travail est presque fini. mais moi, je suis à l’intérieur! pour moi ça pue! au diable ces fleurs à l’extérieur! je suis dans la merde. il se jette sur le canapé et se met à chialer, ensuite il a envie de dormir. un autre jour vient – et tout comme c’était avant, la prison sous le soleil. tout baigne. satan.
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il s’accroche aux gens autour. il dit»regarde les gens – ils restent dans leurs demeures et travaillent! il me faut alors ça aussi. tu travailles, et moi, je vais finir le chantier ici…». il contrôle tout – tout ce qui était de bien, de sincère, il domine tout. Il suffit d’avoir un élan de faire quelque chose – tout de suite ce bâtard me jette la pensée «il n’y a pas de meilleures conditions pour la pratique, reste sur place et ne bouge pas, l’impuissant. comme tout le monde, et la pratique aussi –c’est génial! et si tu pars, pourquoi faire? qu’est-ce qui va arriver? moi, je suis avec toi. cette merde est partout avec toi». meeeeerde. quel maudit
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j’ai peur, c’est-à-dire qu’il a peur, laisser tout tomber, commencer à faire quelque chose. aucune lecture, ni papotage sur la pratique ne changeront rien – il dominera tout, bâtard, fera le passer pour des résultats, mettra une plaque d’honneur sur la prison. je vais lui fermer sa gueule par mes actes. le temps que ce n’est pas fait, il n’y aura pas d’assurance que au moins quelque chose a changé…ça pue, pourriture, un tonneau rempli de merde, coule partout, à travers des fissures, je vais le tuer, ce bâtard».
Mon Dieu, c’est quoi! ? C’est de ça que venait ce malheur dans ses yeux, mais pourquoi il n’a rien raconté? Qu’est-ce qu’on peut y lire encore? En feuilletant les pages les unes après les autres, je m’assurais qu’il n’était presque pas possible d’en lire plus. Juste un morceau à la fin:
«je me réveille le matin à 7 h, le monde est hostile autour, je suis réveillé encore. a quel point je ne voulais pas aller dormir hier soir. J’avais peur, il faisait noir. Des rêves. toujours des cauchemars. et voilà le matin .merde. je suis au chaud et dans le confort sous le drap. encore une journée, il faut faire quelque chose. ma mère, elle est à la cuisine en train de se faire sécher les cheveux avec un sèche-cheveux. je vais sortir du lit, avec un œil mi-ouvert, en caleçon et t-shirt je cours à travers l’appart maudit jusqu’aux toilettes, je pisse vite et vais à la cuisine, il y a un petit coussin par là sur un tabouret, pour ne pas avoir froid en s’asseyant avec un derrière à moitié nu. je suis tendu, il y a déjà le thé sur la table, et les crêpes. Je suis assis, le sèche-cheveux fait du bruit à côté, il souffle avec de l’air chaud. merde, je veux pas me réveiller, maman a fini son thé et partie pour se préparer d’aller au travail. Je retourne au lit – la seule solution. Je m’y vautre, le lit est encore un peu chaud, je me couvre jusqu’à la tête avec le drap, je me fous sous l’oreiller. Je vais y rester juste une demi-heure, je me sentirai mieux, je me suis rendormi. putain, huit heures moins vingt, se lever, aller à l’école, à cette école maudite avec des enfants, qui me regardent, m’évaluent, me donnent des sobriquets, rigolent. putain, ils se marrent, mais pourquoi moi, je ne me marre pas? je veux aussi, courageusement, indépendamment, comme eux. Où est cet uniforme d’école de merde. la veste – dans sa poche droite il y a des miettes foutues de pain noir sec,que j’a caché il y a une semaine pendant le déjeuner, en rêvant de le grignoter en solitude et tristesse quelque part à côté du plan d’eau, sous un arbre, et finalement, j’aurai plaisir. Je n’ai pas le droit de vider les miettes sur le tapis, je vais les jeter dehors. aï, c’est déjà moins cinq, je dois courir, ce cartable de merde, il y a un manuel de math dedans, je n’ai pas fait les devoirs, on va sûrement m’appeler pour aller au tableau. je cours à l’école, je regarde des enfants autour, ils rigolent, bavardent, et moi, j’ai peur. voilà ces portes dont le craquement m’est tellement connu, l’odeur du hall, une minute avant la sonnerie. Je cours dans la classe, en cachant les yeux pour ne pas voir des regards dédaigneux familiers. andreï, putain, il est encore en retard, j’entends les autres parler de lui, rigoler. il est là derrière la fenêtre, comme d’hab dix minutes plus tard, il est pressé avec son porte-documents, si sérieux, concentré, tout prêt à répondre aux moqueries dès l’entrée. et alors, même s’il est mon ami, je n’ai aucune intention de le protéger, c’est son problème, le bâtard. La prof, pourvu qu’elle ne m’appelle pas, pourvu que je ne me lève pas devant tout le monde pour aller répondre au tableau.
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le village, j’ai six ans, ils m’ont encore amené à la campagne, dans la voiture, où ça sent l’essence et j’ai mal au cœur. c’est ennuyeux ici, il n’y a qu’une route poussiéreuse, des enfants que je ne connais pas et la vieille avec sa bouffe dégoûtante insipide, qui rabâche sans cesse que je suis maigre, que je dois manger. charik, il y a charik dans la cour, un chien gentil, super, aux oreilles pendantes, au poil long clair et avec la queue en tire-bouchon. Il est toujours content de me voir, je veux le caresser. des allumettes – c’est intéressant, elles s’allument, génial, et la grand-mère n’arrête pas de flipper et me gronder que je vais brûler sa maison. dans la maison en face on a amené un garçon, d’un an ou deux moins que moi. les parents me regardent bizarrement, en insinuant que j’aille faire connaissance avec lui, jouer. Amenez-moi là bas, j’ai peur d’aller tout seul dans la maison des gens que je ne connais pas. le garçon, un petit garçon pitoyable. on a galopé dans la cour, creusé avec des bâtonnets le sable sur la route. charik, jouer avec lui ou pas. il est joyeux, il court dans la cour, en remuant sa queue. il a creusé un trou dans la terre en dessous des portails pour accéder dans la cour, lui et des poules y passent pour aller sur la route. la vieille essaye tout le temps de boucher ce trou avec une planche, mais charik recreuse ensuite. les portails ont beaucoup de planches, on peut y grimper pour regarder le village et la route d’en haut. De là on voit aussi le jardin de la grand-mère, il y a une viorne et le tonneau horrible mis dans la terre, vers lequel un tuyau est posé sur la route à partir du puis, et dans lequel on verse l’eau pour l’arrosage. et au bout du jardin il y a une cave, sous la terre, avec une porte trouée, à travers les trous la noirceur se fait entrevoir et ça sent l’humidité froide, des patates et des cornichons. pour rien au monde je n’entrerai dans cette cave. il est allongé, le bâtard, sur le sentier même qui mène dans les champs derrière la maison, sur la route de al forêt. j’ai peur d’y aller. les portails, moi et le garçon on y est grimpés, le soleil, la connerie, il faut foutre quelque chose, impressionner le garçon de façon quelconque. en bas, dans le trou, charik s’est faufilé dans le trou en sortant à moitié sur la rue et observe la route de manière lasse. Et si je balançais quelque chose sur lui, pour surprendre le cabot. je suis descendu des portails, je prends une brique, je grimpe et, avec un sourire malicieux, je jette la brique sur la tête à charik. merde, que-ce que j’ai fait, mon petit charik hurle, saute, court en gémissant. Merde, quelle merde je suis. et ce garçon répugnant a vu tout ça. c’est lui, le bâtard, qui a foutu tout ça, je mentirai à mes parents, la grand-mère et mon père ont sortis ayant entendu les bruits, je pleure en montrant le garçon du doigt, quel bâtard il est, ce garçon. le garçon chiale et nie le fait, mon père nous regarde tous les deux avec du dégoût et colère. ils partent avec la grand-mère chercher le chien, ils le cherchent une demi-journée. je suis dégoûté, écoeuré, terrorisé. j’ai peur d’aller chercher, de voir le chien en souffrance. je vais aller au moins jusqu’à l’étang à côté, une centaine de mètres. charik, tu es où, mon petit. il est rentré trois jours plus tard, en gémissant et évitant les gens. j’ai peur de l’approcher, charik, pardonne-moi, qu’est-ce que j’ai fait
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merde, j’ai peur de tout. toute la vie. j’ai peur des gens, de chacun, chacun d’entre eux est étranger pour moi, chacun peut me faire mal, me taper, m’insulter. j’ai peur de tenir ce journal, j’ai peur qu’on ait de la sympathie pour moi, puisque je tomberai dans le contentement, j’ai peur qu’on me méprise – c’est douloureux et ça fait tellement mal. j’ai peur de rester seul et en même temps j’ai peur d’être avec les gens, je me cache dans un coin quand je suis parmi les gens et je fais semblant que tout va bien, que je suis comme tout le monde. mais je ne le suis pas, ce n’est qu’un masque, mis lorsque j’avais trois ans, et n’est jamais enlevé devant personne depuis. personne ne sait jamais ce que je suis en réalité. on me dit souvent qu’on me regarde dans les yeux sans jamais comprendre ce je pense vraiment à ce moment là. et moi – je suis fier, ça marche! mon camouflage fini par marcher, maintenant je suis comme tout le monde. maintenant je suis sociable, gai, prospère, maintenant je peux plaisanter n’importe comment, je suis devenu grand et fort, et ma sœur a peur de me frapper, et mon père m’évite, hein, je ne suis plus un enfant
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merde, je porte un masque, un mannequin, je ne peux faire ni mot, ni pensée, ni acte sincèrement, ils verront alors ce qui est dedans, qu’il y a des peurs, des dépendances, la pitié, la pitié unique épaisse et omnivore envers moi-même. accuser, je veux rejeter la faute sur quelqu’un. comment ça se fait que je suis, depuis que je me souviens de moi, depuis la crèche, une telle merde, apeurée, se cachant, vindicative, menteuse? mon père, c’est de sa faute, il a été comme ça, la grand-mère m’a raconté comment il gardait silence, prétentieusement, fièrement, honteusement, quand son frère cadet avait fait une bêtise et rejetait la faute sur lui, et la grand-mère le punissait, il pensait que c’était ça le courage. mon père, un être pitoyable, dégoûtant, que méprisaient ma mère, et ma sœur, et moi. ma mère, gentille, aimante, intelligente. Mon cul! la pitié, en elle la pitié entière envers mon père, elle vit avec lui, souffre, pleure, mais ne part pas, elle le plaint, et moi aussi elle me plaint, Oleg, mon petit, mange un peu de crêpes. c’est une saloperie, depuis l’enfance, une saloperie qui s’incruste en moi, qui ne me laisse pas une seconde jusqu’à présent.
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Prospérité, contentement, les indices extérieurs. Oui, on peut s’y fuir, pourquoi penser aux peurs – puisqu’il y a tout, je n’aurai pas peur. je vais faire semblant d’une position forte – je le fais, et puis je pense, je ne vais pas penser aux conséquences. Il faut être audacieux. mais c’est de la fuite, comme j’ai toujours fait. Un automatisme travaillé. Avant, quand je n’avais pas où fuir à l’intérieur – je fuyais à l’extérieur, je fuyais des circonstances, il y a encore tellement de choses dans le monde, je peux fuir, trouver un endroit et des gens qui seront gentils et bien avec moi. et maintenant je peux ne pas fuir – j’ai tout, je peux fuir dans le contentement, dans la prétention, un moyen super! qu’est-ce que je suis intelligent d’avoir inventé un tel moyen de fuir, que je l’ai affiné jusqu’à la perfection, même pas pour une seconde on ne me fera pas peur à tel point que je perde la terre sous mes pieds. je ferais un effort, je me surmonterais, je dominerais la peur, je penserais au quelque chose de bien, rapidement, à la vitesse d’un éclair.
hier, j’ai hurlé, gémi, crié, je ne peux plus vivre ainsi. merde, et j’ai vu cet automatisme de fuite travailler!!! en une seconde, puissamment, facilement, j’ai éliminé le cri, les peurs, j’ai switché dans un état calme et serein, je me disais d’une voix stable «alors, c’est là la sortie, c’est comme ça qu’il faut éliminer les larmes et la pitié». mais tout de suite l’horreur me saisissait, l’horreur refroidissant provenant de la compréhension de ce qui c’est passé à ce moment là. la compréhension de l’appareil, un appareil insensé de l’adaptation et de fuite, de malignité. et j’ai poussé encore des cris, avec une plus grande force
où fuir? quoi que j’invente de faire – c’est un travail de cet appareil. je ne me rappelle pas ce que c’est que la joie – elle a toujours un arrière goût de contentement provenant du fait que tout est calme. je ne sais pas ce que c’est que la tendresse – ce n’est que de la pitié. je ne sais pas ce que c’est que la sympathie – c’est d’être content qu’on soit sympa avec moi. qui me plait? Celui qui est sympa avec moi. qu’il essaye de me contrarier – toute de suite une attitude négative, immédiatement, tout de suite la malice, la défense, la tentative de tout retourner sur le contentement
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des gens, des gens partout, j’ai peur d’eux. je les regarde en imaginant comment je les coupe en deux en diagonal avec une épée dans la main, et ils tombent en deux morceaux de viande. c’est de l’audace, ça, oui, n’est-ce pas, me voilà, un guerrier, un audacieux… un bout de merde, un être pitoyable haineux, sans une chance de s’en sortir, dans la merde complète. Ça fait peur de se voir comme ça, que je suis maniaque, prêt à tuer les gens, les écarteler pas seulement dans l’imagination, mais dans la réalité. m’écarteler moi-même, je n’en ai pas assez de courage. les pensées sur le suicide me rendent passif, mou, me donnent l’espoir que tout passera tout seul, le matin viendra et j’oublierai
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la prison, conçue par moi-même, un système construit, idéal qui fonctionne parfaitement, le système de fuite à l’intérieur, super rapide. je ne veux pas y vivre, je veux fuir, je veux faire quelque chose, dont j’ai le plus peur – me libérer des étreintes douces. J’ai gueulé sur moi-même, me suis mis à parler à l’enfant en troisième personne,faire taire ses pensées avec la voix, j’ai commencé à me parler à moi-même, et de nouveau j’ai eu peur – peur de devenir fou, merde, je me parle à mon enfant de l’intérieur!!! me taper la tête contre le mur, le mutiler , le bâtard
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sans pitié, l’agression dirigée à l’intérieur, un projet, une décision – plaquer tout, vendre mes affaires, démissionner, partir vivre au monastère. je n’ai jamais rien fait moi-même, tout marchait tout seul, un hasard, l’impuissance et la passivité, tout marchera tout seul, je ne veux rien faire. j’ai peur des changements, j’ai peur de faire quelque chose moi-même. la voilà, la décision – tout plaquer, dans le sens strict du terme, rester avec un sac à dos et un compte en banque, sur lequel j’aurai assez pour vivre une année très modestement. j’ai décidé, puis je regarde, ce qui allait se passer le matin suivant. et le voilà le matin, le fond, un fond dégoûtant provenant de la pitié envers moi-même hier soir, la tête lourde à cause des larmes, la décision de tout plaquer tourne dans l’esprit. certains le savent déjà, des autres je voudrais le cacher. j’ai peur de ce qu’ils peuvent dire, qu’ils me jugent, un éclat de l’inquiétude paranoïaque, de la pitié envers moi-même, la fuite des circonstances. mais je crie en réponse – que rester et vivre dans la prison serait fuir, je n’ai jamais rien fait moi-même, ne changeais pas ma vie, un jour, ou deux vont passer et je serai de nouveau dans la grisaille et la tranquillité, aaaaaaaaaaah…je ne le veux pas tellement, quelle puanteur, aller au travail, sourire aux autres, en haïssant tout le monde et tout à ce moment là. le contentement, la viande pourrie, qui remplit le corps et les trous avec son jus délicieux. quel poison
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ça fait peur de fuir, peur, du fait que cela ne changera rien, que je n’aurai pas assez de force de me battre en même temps que mener la vie dans de nouvelles conditions. ça fait peur de rester,je ne pourrai rien faire, tout restera comme avant, j’aurai peur des gens, de leurs opinions, et chaque pensée d’accomplir un acte quelconque proviendra non de l’aspiration vers la liberté,mais du mécanisme de l’adaptation aux nouvelles conditions
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où apprendre la sincérité? merde, j’étais sincère que quand je pleurais, quand j’hurlais et me plainais, je n’avais pas alors peur de vider mon sac, je ne suis sincère que dans la panique et désespoir. je me calme et tout rentre dans les rails,l’adaptation, l’arrangement, les peurs envahissent, CHAQUE INSTANT, foutu… je suis complètement foutu
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je reste à me torturer avec ces pensées, puisqu’elles sont la vérité, je ne veux pas prendre de décisions, puisque la tranquillité viendra, le projet est là, tout va bien, tout marchera, il y a de l’espoir, et de nouveau tout le système recommence à marcher, de nouveau des décisions et leurs réalisations – ce n’est pas un acte sincère, mais un acte pour exposer les résultats sur le tableau d’honneur, pour éprouver le contentement gonflé
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je ne sais pas quoi faire, comment m’accrocher à ce désespoir, comment ne pas le laisser partir, comment faire pour empêcher à la prison de m’enfermer de nouveau
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merde, quoi que je fasse, ce du moisi et ça pue, l’odeur cadavérique et douçâtre du contentement».