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Se libérer de faux concepts

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«A propos de beaucoup de questions on se réfère tous sur les autorités qui nous ont été imposées par l’éducation parentale, ou sur «le bon sens», on a peur de mettre son assurance en question. Si vous n’admettez pas cette accusation, attendez un peu – vous ne tarderez pas de vous y attraper.»

Eric Rogers

Le contenu

    Le contenu du chapitre:

    02-01-01) Les concepts et leur rôle dans l’origine des émotions négatives (EN).

    02-01-02) Les sources des concepts.

    02-01-03) Les concepts évidents et non évidents.

    02-01-04) Les concepts évidents «apparemment vides» et «façonnés».

    02-01-05) La pratique de l’opposition et substitution mécanique.

    02-01-06) Les anti-concepts. Définition et types. L‘exemple du concept de «l’avenir».

    02-01-07) Rédaction de la liste des concepts.

    02-01-08) Classification des concepts par contenu.

    02-01-09) Les buts forts et faibles.

    02-01-10) Classification des interprétations. Question des proches. Le concept du «lien».

    02-01-11) Le choix des interprétations. Les exemples.

    02-01-12) L’examen des concepts, les arguments et contre-arguments.

    02-01-13) Le procédé de l’analyse directe des concepts.

    02-01-14) Changement cyclique des interprétations.

    02-01-15) Le concept abstrait de «moi». La pratique de la perception de l’absence.

     

    02-01-01) En se mettant à éliminer les EN on s’aperçoit qu’elles apparaissent le plus souvent lorsque les événements ne se déroulent pas comme l’on voudrait. Les EN sont accompagnées des réflexions «ce n’est pas juste», «ce n’est pas bon», «il faut faire autrement», c’est-à-dire que nos idées sur la manière dont cela «doit» se passer sont en contradiction avec la réalité, et l’habitude d’éprouver les EN ne manque pas à surgir à ces moments-là. Mais en perfectionnant les efforts pour éliminer les EN, en renforçant la certitude que l’on ne veut pas les éprouver mais se débarrasser de cette habitude déplaisante, en s’éprenant du désir joyeux d’éprouver les perceptions illuminées (PI) et en prenant plaisir à la sérénité d’esprit on finit par avoir un intérêt stable envers l’examen critique des concepts.

    Dans les sciences le mot «concept» est utilisé pour désigner un système assez rationnel d’hypothèses et interprétations des données expérimentales. Dans le contexte de cet ouvrage le mot «concept» est utilisé en conformité avec le sens qu’il acquit dans notre langage parlé, c’est-à-dire «un système de points de vue adopté machinalement».

    «Machinalement» veut dire en imitant d’une manière aveugle, sans y penser, sous l’influence d’EN (par exemple, le sentiment d’infériorité, gêne, la peur de l’attitude négative à son égard, de l’isolement, etc.), quand on ne réfléchit soi-même ni ne cherche les raisons à titre de données expérimentales. Ce qui a pour conséquence l’acceptation aveugle d’une idée quelconque et, par la suite, on agît en la considérant incontestable.

    «Le système de points de vue» est l’ensemble d’idées reçues qui apparaît automatiquement en des circonstances déterminées.

    Par exemple, lorsqu’un enfant se cogna et se mit à pleurer on a une suite de pensées habituelles, notamment: «l’enfant pleure – il a mal – il faut le consoler», ce qui fonde le concept «l’enfant qui pleure doit être consolé». Mais, lorsque le temps passe, on remarquerait que les larmes versées et les demandes deviennent de plus en plus abondantes et qu’on aurait à le consoler de plus en plus souvent, on est alors susceptible de mettre ce concept en question et commencer à y réfléchir. Les réflexions, observations, ainsi que les hypothèses qui en résultent et la nouvelle expérience obtenue peuvent mener à la conclusion que «consoler» signifierait apprendre à l’enfant à se plaindre, s’apitoyer sur soi-même. Mais, on peut changer son attitude – non seulement s’abstenir à le consoler, mais, en plus, le priver de notre attention quand il éprouve de fortes EN et une fois une pause survenue dans ses cris lui montrer son attention et sympathie s’il y en a lieu. L’enfant en tirera une conclusion que les cris hystériques et la pitié intense de soi le prive de votre attention, ce qui l’encouragera à se débarrasser de l’habitude d’éprouver cette EN dans la situation donnée. Or, on se libérera du concept et éprouvera le sentiment de sérénité, il ne restera qu’à réussir à éliminer définitivement les EN qui surgissent de manière régulière lorsque l’enfant cherche à attirer l’attention à l’ aide des cris.

     

    02-01-02) On acquiert les concepts des sources diverses. Par exemple, lorsque la mère voit un cafard pendant un déjeuner, se met à crier d’une voix déchirante et, tout dégoûtée et craintive, l’emporte au WC pour le jeter, un petit enfant, enclin à tout accepter et s’en imprégner s’approprie le dégoût pour les cafards et, par la suite, le concept – «les cafards sont répugnants». C’est une voie «émotionnelle» de transmission des concepts.

    Il existe une autre voie – «autoritaire». Lorsqu’une personne «respectable», «aînée», «intelligente» avertit de manière imposante qu’il ne faut pas faire ceci et cela on peut accepter son affirmation avec une crédulité aveugle, puisqu’une personne tellement «intelligente» et «respectable» ne dit pas de bêtises.

    La troisième voie est mimique. Une fois placé dans une communauté quelconque, on commence à s’approprier les concepts des gens si l’on veut être accepté et ne veut pas être rejeté.

    Je tiens à distinguer particulièrement la douleur et la crainte, qui l’accompagne, comme une voie d’acceptation de concepts. Lorsqu’un enfant tombe, se heurte, il a peur et, à ce moment-là, sous l’influence de sa grand-mère compatissante, il acceptera facilement le concept suivant – «courir vite est mauvais et dangereux, mais rester tranquille est, au contraire, bien et sécurisant».

    La cinquième voie est fondée sur l’affirmation erronée consistant en ensemble des faits considérés comme absolument définitif. Quand on dit «qu’ il n’y a pas de vie sur Mars», on pense d’abord que cette suggestion a pour la base les données connues et acceptées à présent et que dans l’avenir n’importe quelle découverte – la plus incroyable et inimaginable- peut avoir lieu, mais avec le temps la certitude de l’impossibilité de vie sur Mars s’établit définitivement.

    La sixième voie est une pure erreur de logique, l’insuffisance ou inexactitude des données au départ, ou bien une stupidité, soit ce raisonnement particulièrement inerte provoqué par de fortes EN.

    La septième se fonde sur le sentiment de sa propre importance. Prononcer une sentence d’un ton sérieux, «en connaisseur», permet de se mettre au-dessus aux yeux de sa femme, un ami ou collègue et ensuite il ne reste que défendre son opinion jusqu’à la fin, quoi qu’elle soit absurde, en mettant de la pression psychologique («tu ne comprends pas, hein?»), en obscurcissant volontairement ses propos, à savoir en les entretenant intentionnellement non intelligibles.

    La huitième consiste en d’autres concepts engendrant des désirs mécaniques importuns.

    Lorsqu’un père croit que sa fille «doit» l’informer où elle a l’intention de passer la nuit, avec qui elle a les relations sexuelles, etc., mais cette dernière sort sans l’avoir mis au courant, il ressent alors un éclat d’inquiétude, d’agressivité, l’envie de la faire répondre à ses attentes et se met à inventer toutes les horreurs possibles et, la plus horrible est la sottise qu’il invente la plus forte est la possibilité de l’atteindre. Ainsi il s’efforce de faire apparaître de nouveaux concepts et les lui transmettre afin de pouvoir la contrôler, la retenir.

    La neuvième est une des plus répandue, elle provient de l’insincérité des raisonnements.

    On est enclin à refouler les arguments, ne pas mener à bout les raisonnements en prévoyant que le résultat va être en opposition aux avis dont on est sûrs, ou bien on est las d’examiner de façon minutieuse les points faibles d’un concept. Tels raisonnements sont souvent accompagnés des éléments de sorte «il est évident que…», «tout le monde le sait», «les scientifiques ont découvert que…» (mais il n’existe certes aucune référence concrète au jugement sûr de point de vue scientifique, comparaisons avec d’autres opinions, etc.).

     

    02-01-03) Les gens pensent très rarement, puisque le mot «penser» ne signifie pas habituellement le processus de réflexion, comparaison et analyse d’arguments, mais plutôt celui de maniement des concepts.

    Les concepts peuvent être divisés en 2 types principaux. Le premier représente les concepts évidents, ceux qu’on peut formuler nous-même et défendre activement. Après avoir trop lu sur l’utilité du chou et s’en est inspiré on peut commencer à en convaincre les siens.

    Imaginons une autre situation: en posant la question à quelqu’un si c’est possible de cesser d’éprouver les EN on obtient la réponse certaine – «non»ce qui ne veut pas dire qu’il lui est arrivé d’y penser, ne serait-ce qu’une fois, de considérer les arguments ou témoignages des autres ou bien s’appliquer lui-même. Les idées pareilles ne traversèrent pas son esprit et avant que l’on lui pose cette question il pouvait même ne pas savoir qu’il répondrait ainsi. S’il est invité d’exposer ses idées sur le monde, ce concept alors n’apparaîtra point dans l’ensemble des éléments. Je nomme tels concepts non évidents. Bien qu’ils soient non évidents ils délimitent le comportement d’une personne d’une manière aussi rigide que les concepts évidents. Si une personne qui admet le concept non évident «il n’est pas possible de cesser d’éprouver les EN» est incitée à raisonner sur ce sujet, elle peut alors aboutir à des conclusions très variées, telles que «il n’est pas possible de l’arrêter», «il se peut que ce soit possible», «je ne sais pas, je n’ai pas essayé», «il faut que j’y réfléchisse», «pourquoi pas», etc., mais néanmoins, elle se comportera de façon à faire croire qu’elle accepte entièrement et sans restriction l’impossibilité d’arrêter de les éprouver.

    Lorsqu’une personne enfreint la loi par ignorance, elle en est considérée responsable tout de même; ainsi les gens subissent les conséquences de leurs concepts malgré le fait qu’ils peuvent ignorer leur existence.

    Encore un exemple d’un concept non évident: «de toute ma vie je ne parviendrai pas à atteindre la sérénité». Il est impossible de démentir ce concept en pratique. Il est peu probable que ce concept provoque une inquiétude repérable puisqu’il s’agit de quelque chose très vaste – «toute la vie» et difficilement définissable – «la sérénité». Il n’engendrera aucun dialogue intérieur remarquable, car un dialogue intérieur à haute voix a pour sujet des questions plus essentielles. Et lorsque cette idée est prononcée on peut même ne pas la partager (cela dépendrait de l’humeur du moment) ou bien rester indécis à ce sujet, mais le concept persiste en oppressant l’élan. La perception de ce concept peut apparaître spontanément par la suite des efforts faits pour éliminer les EN, avoir les perceptions illuminées, contrôler le dialogue intérieur chaotique ou bien issus d’une conversation avec les pratiquants, etc., et ce n’est qu’ après qu’on ressentirait son poids écrasant et sont susceptibles de commencer à faire les efforts pour s’en débarrasser.

    Un concept évident est tout de suite accessible à l’examen, tandis qu’un concept non évident doit être révélé d’abord, ce qui n’est pas facile, et ensuite formulé de manière claire et définitive afin de devenir l’objet d’une analyse.

    Pour pouvoir mettre en évidence un concept non évident je propose d’utiliser la fixation écrite et l’analyse de dialogue intérieur au moment où une EN surgit, un FN ou un EEN se prolongent. N’importe quel concept – évident ou pas – est un morceau d’un dialogue intérieur (DI), soit un enchaînement de pensées qui traverse l’esprit à une grande vitesse. Le dialogue intérieur se compose de plusieurs couches (j’en parlerai de façon plus détaillée dans les chapitres suivants). Un dialogue intérieur à voix haute consiste en paroles prononcées entièrement à l’intérieur de soi, une telle pensée peut durer à partir d’une fraction d’une seconde et plus longtemps.

    Un dialogue intérieur aveugle consiste en fragments de paroles et d’images durant à partir de 1/ 30 de seconde, une pensée qui se compose d’un enchaînement de tels fragments peut durer très peu de temps, par exemple, un tiers d’une seconde, par conséquent, la «saisie» et fixation de telles pensées demandent une très grande attention et la capacité d’éliminer les EN très rapidement. J’appelle cette pratique «le travail opérationnel avec les concepts non évidents».

    Un autre moyen consiste en la recherche des pensées résonnants. Lorsque j’éprouve un FN ou EEN, je ne l’élimine pas immédiatement, mais je continue à l’éprouver en tâtant les sujets différents et se posant des questions, notamment: «qu’est-ce qui m’inquiète, qu’est-ce qui me gêne?», «est-ce un fer à repasser allumé? Non. L’enfant qui a faim? Non…Des soucis au boulot? Non…». Je cherche les pensées qui provoquent la résonance, dès que je les saisis le FN augmente d’un éclat, les EN surgissent. Cela signifie que la direction des recherches d’un concept non évident est trouvée. Alors j’examine les pensées dans ce domaine jusqu’à ce que je découvre de nouveau une résonance, ce qui mène à rétrécir encore plus le champ d’investigation. Le plus nettement j’indique le champ, la plus forte est la chance d’éprouver la lucidité spontanée. Le plus souvent je pratique cette méthode, le plus mes techniques se perfectionnent.

    La troisième technique de repérage de champ de recherche des concepts non évidents est «la conception des modèles résonnants». Dans ton imagination change la situation présente et observe si le FN augmente, diminue ou reste stable. Par exemple, imagine que ton salaire a été augmenté, puis qu’il a été diminué. Ensuite, imagine que ton enfant a de meilleurs résultats à l’école et puis, qu’il en a des pires, et ainsi de suite. A chaque fois tu observeras que le FN soit s’intensifie soit s’affaiblit et il y aura un sujet qui provoquera une résonance particulièrement forte, alors le problème est là.

    Souvent les recherches de concepts mettent en évidence des enchaînements entiers. Par exemple, on a des invités, on prend du thé et, soudainement, une inquiétude apparaît. En examinant les fragments du DI on comprend que ce qu’on appréhende c’est que l’enfant commence à manger bruyamment en présence des invités. Il en suit le concept № 1: «Manger bruyamment ne fait pas partie du comportement d’un bon enfant, un enfant bien élevé». On continue à chercher: «mais pourquoi c’est moi qui le crains, pourtant ce n’est pas moi qui mange ainsi … parce que c’est mon enfant». Voilà le concept № 2: «je suis responsable du comportement de mon enfant». Et ainsi de suite. Alors, effectivement, des concepts s’enchaînent en se soutenant. Afin d’atteindre la lucidité, il faut les séparer bien soigneusement et traiter chacun à part.

     

    02-01-04) Examinons 2 types de concepts évidents. Les premiers, une fois bien examinés, se révèlent apparemment mal fondés. Appelons-les «manifestement vides». L’examen du deuxième type ne mène pas tout de suite à une vision lucide, une analyse, examen des arguments, contre-arguments, contre contre-arguments, etc., est indispensable. Appelons tels concepts «façonnés».

    Il semble que se débarrasser d’un concept manifestement vide est facile, mais ce n’est pas ainsi. Puisque, malgré le fait qu’il évident qu’il est non fondé, il a lieu, ce qui veut dire qu’il y en a bien une raison. Celle-ci peut se trouver parmi les 9 raisons mentionnées ci-dessus et, en plus, il existe par inertie, de façon habituelle. L’élimination d’une habitude même la plus anodine demande des efforts consécutifs et remplis de joie, surtout si cette habitude s’appuie sur d’autres habitudes, par exemple, une habitude d’éprouver des EN dans une situation donnée. Prenons un exemple: dans ton enfance tu n’aimais pas ton physique.

    Lorsque tu t’est convaincue que pour un homme tu es belle et un autre reste indifférent, mais, par inertie, tu te mets à éprouver les mêmes EN au moment de faire connaissance avec un homme, le concept évident s’est transformé en non évident et continue à déclencher les EN.

     

    02-01-05) Afin de pouvoir surmonter l’inertie des concepts apparemment faux (ou concepts réduits par la suite d’une analyse jusqu’à l’état proche à celui d’un concept apparemment faux), je propose la méthode d’opposition. Je formule une pensée contredisant un concept donnée, c’est-à-dire je rédige un anti-concept et ensuite je suis la pratique formelle (voir ci-après dans le chapitre correspondant) – incessamment, pendant toute la journée, je me pose la question, à savoir ce que je crois vrai – le concept ou l’anti-concept. L’idée que «je ne suis pas belle» ou bien une autre «je plais aux uns, je ne plais pas aux autres»? En conséquence de telle pratique, accompagnée d’une élimination impeccable des EN qui surgissent, on atteint l’objectif posé, à savoir au fur et à mesure l’influence d’un concept apparemment faux sur mon comportement s’affaiblit jusqu’à disparaître pour de bon.

    Une autre méthode s’appelle la pratique de substitution mécanique (SM). Elle a son effet sur tels concepts apparemment faux qui t’ont été imposé littéralement de force, soit sous une pression psychique brutale. La mère, penchée sur toi, hurle: «EST-CE QUE TU VAS RESTER TRANQUILLE?», ou bien, au contraire, te regarde avec un air plaintif, à peine retenant les sanglots: «pourquoi tu me fais honte…». En se blottissant sur toi-même tu «comprends» – rester tranquille est bien, faire des bêtises est mal.

    La pratique de substitution mécanique consiste en la répétition à voix haute d’un anti-concept, par exemple, pendant une heure entière, tous les jours pendant une heure. Cela résulte en affaiblissement considérable d’un concept, tel un clou chasse l’autre.

    Cette pratique permet aussi de mener à bout l’élimination des concepts façonnés lorsqu’ils sont réduits au niveau des concepts apparemment faux ou bien proches à ceux-là.

    Pour le concept «il faut aider les gens» l’anti-concept sera «je ne veux aider que ceux qui je veux, qui m’ont sympathiques», et souvent on peut former des anti-concepts tout simplement en ajoutant une négation: «s’il fait l’amour avec une autre femme, cela veut dire qu’il n’a pas d’affection pour moi», alors l’anti-concept sera «s’il fait l’amour avec une autre femme, cela NE veut PAS dire qu’il n’a pas d’affection pour moi».

    Une telle pratique peut être exécutée en même temps qu’une autre activité, elle n’en devient pas beaucoup moins effective.

    Toute la vie, des dizaines et centaines milles de fois, on répétait un même concept à voix haute ou à l’intérieur de soi, mais la force de l’influence involontaire est beaucoup plus faible que celle de l’influence choisie par désir joyeux, voilà pourquoi répéter un anti-concept seulement plusieurs milles de fois suffit pour atteindre l’objectif, notamment remplacer mécaniquement un concept apparemment faux. Un anti-concept ne prend pas la place d’un concept ni ne devient une entrave lui-même, car on ne l’utilise pas de manière inconsciente, mais avec un but absolument précis, notamment faire disparaître un mécanisme étranger.

    Il est possible de faire cette pratique ensemble avec d’autres pratiquantes, d’abord l’une prononce un anti-concept à voix haute, ensuite l’autre, sans qu’il y ait, toutefois, la nécessité d’écouter attentivement.

     

    02-01-06) Donnons la définition du terme «anti-concept». L’anti-concept est une affirmation qui possède les propriétés suivantes:

    a) contredit le sens d’un concept en question;

    b) provoque la résonance avec les perceptions illuminées (PI);

    c) me paraît à un moment donné plus raisonnable et vraisemblable que le concept.

    Les anti-concepts des concepts abstraits (voir la définition ci-après) peuvent ne pas posséder la propriété c), puisqu’il est impossible de les argumenter ni démentir. Par exemple, je formule l’anti-concept suivant: «L’avenir n’existe pas, il n’y a qu’ici-et- maintenant». Je ne peux pas donner des preuves à l’appui de cela, car le mot «avenir» ne signifie aucun ensemble concret de perceptions, je ne peux alors dire ni qu’il existe ni le contraire. Il n’est pas clair de quoi il s’agit, mais puisque cette affirmation provoque un éclat d’anticipation, libération du pesant de diverses appréhensions, liées aux réflexion sur «l’avenir», et des désirs joyeux se manifestent à ce moment-là, apparaît alors l’envie de maintenir ce concept.

    Ne serait-il pas se faire des illusions que d’appliquer des anti-concepts? Je vais démontrer que ce n’est pas ainsi. Le concept de départ disant que «l’avenir existe» n’est qu’un ensemble de mots qui ne signifie rien, car on a des idées incluant ce mot «avenir», des émotions qui apparaissent lorsque l’on prononce le mot «avenir» et des désirs qui accompagnent les idées sur «l’avenir», mais aucune perception indépendante qu’on pourrait nommer «l’avenir» ne surgit pas. Toute perception existe ici-et-maintenant. Ainsi, on a le choix – conserver soit des idées qui entraînent l’apparition des EN, soit celles qui démentissent les idées précédentes, c’est-à-dire celles qui ne provoquent point d’EN. Pourtant, la première idée ainsi que la deuxième ne sont que les concepts abstraits, à savoir les affirmations qui ne signifient rien. L’envie de maintenir l’idée 2 a certes lieu et après qu’elle a anéanti l’impact négatif de l’idée 1, je laisserai facilement tomber les deux, puisque je me rends parfaitement compte que le mot «avenir» ne sous-entend aucune perception concrète. Cela veut dire que je ne commence pas à «croire» à un anti-concept, mais m’en sers en tant qu’un outil efficace. En imaginant la paire – concept – anti-concept – on se libère d’un processus automatique importun, dans le cas des concepts usuels on est susceptible d’acquérir une expérience authentique et, par la suite, on sera gagné de façon bien-fondée par l’une ou l’autre point de vue, ou bien refusera les deux.

    Lorsqu’un concept est mis en balance inconsciemment, appris par moi de manière mécanique, je souhaite d’abord l’équilibrer par un anti-concept et puis examiner les deux n’ayant pas de préjudices ni EN.

    Certaines phrases, qui comportent les mots ne signifiant rien de concret pour moi, résonnent avec les perceptions illuminées (soit un transport de perceptions illuminées a lieu), c’est pourquoi je les laisse dans mon vocabulaire pour quelque temps.

    Même un coup de vent léger peut briser un arbre robuste penché sous son poids. Un concept peut rester en opposition avec le bon sens et désirs joyeux pendant des années et s’écrouler à un moment donné de façon spontané. On peut rester en rapport avec les membres de sa famille pendant 30 ans, parce que «il faut bien», «c’est de coutume», et pas avec ceux qui suscitent le désir joyeux de communiquer avec. Pendant 30 ans on peut dire bonjour aux voisins et entretenir les conversations sur le temps et travail, parce qu’il n’est pas convenu de s’en abstenir. Mais à un moment donné l’empoisonnement de mensonge et la crainte perpétuelle d’une attitude négative deviennent si évidents et la crise aboutit à ce que, même ne serait-ce en entendant à peine un anti-concept, l’abcès éclate net: «Mais on peut vivre autrement!» Le torrent enflé s’effondre.

    Pour éliminer d’autres concepts il faudrait s’appliquer opiniâtrement, mais cette besogne n’est pas pour des biens futurs illusoires, le résultat vient dans l’immédiat, tout de suite après avoir atteint la croissance relativement forte de la sérénité. Suite à chaque série de substitution mécanique, suite à chaque examen des arguments «pour» et «contre» vient un transport de lucidité résonnant avec d’autres perceptions illuminées, et ainsi on s’approche pas à pas à la réalisation des désirs joyeux, libération d’EN et stupidité, on cultive et développe des perceptions illuminées.

     

    02-01-07) La lucidité qu’on peut atteindre par rapports aux concepts est susceptible de disparaître en un rien de temps, et un concept se transformera en un non évident – on oublierait tout simplement sa découverte. Cela est facile à vérifier: essaie maintenant d’énumérer tous les concepts que tu as révélés en toi, au mieux, il n’y en aura qu’une partie mineure. Ce qui voudrait dire que tous les concepts restés dans l’oubli sont hors du contrôle, hors de l’observation, et par conséquent, sont susceptibles d’exercer autant leur influence sur ton comportement.

    En atteignant la lucidité on tombe dans un état inhabituel et commence donc à glisser rapidement (parfois cela peut prendre quelques secondes) dans notre état habituel, là où il n’y avait pas de lucidité d’esprit. Souvent on fait les mêmes découvertes à maintes reprises avant que la lucidité ne devienne stable, c’est pourquoi je propose de dresser la liste des concepts acquis et la compléter au fur et à mesure que l’on en découvre de nouveaux. Ce procédé simplifie non seulement l’analyse des concepts, mais également le processus de recherche du concept à l’aide de résonance, le concept qui est responsable du FN en cours – on prend la liste et passe par chaque concept.

    En cas de raisonnement mécanique, les perceptions illuminées, à savoir la lucidité, n’apparaissent pas, et si on a fait une certaine conclusion une fois, la prochaine fois on y arrive, à la même conclusion, sans le faire comme nouvelle expérience, cependant, une perception illuminée – la lucidité – est toujours vécue comme quelque chose de nouveau, même si elle est décrite par une phrase familière.

    Des personnes ordinaires n’atteignent jamais la lucidité, ils remplacent seulement un concept par un autre, soit ils croient à une chose, puis à une autre. Il est aussi difficile de trouver une personne qui arriverait à avoir l’esprit lucide et pas seulement faire des conclusions logiques, que trouver quelqu’un qui aurait de l’expérience en matière d’élimination d’EN et pas en substitution d’une émotion par une autre.

     

    02-01-08) Maintenant on va classer les concepts selon leur sens. De différents types de concepts varient selon l’intensité, stabilité, degré et qualité d’intégration dans l’ensemble des concepts, il est alors souvent utile d’appliquer des méthodes différentes pour de différents types de concepts, c’est pourquoi distinguer les concepts de manière nette, y compris selon leurs sens, est particulièrement intéressant et efficace.

    Il existe deux grands types: des concepts «abstraits» et «mixtes».

    Des concepts «abstraits» sont les affirmations composées de mots qui ne signifient nulles perceptions concrètes, c’est-à-dire leurs sens est assez obscur. Par exemple, «le monde est éternel». On n’en a aucune idée – ce que veut dire «éternel» et «le monde», on n’a pas de perceptions concrètes lesquelles on pourrait nommer ainsi. Ou bien le concept suivant: «Je suis une personne». Il n’est clair ni ce que c’est «moi» ni ce veut dire «personne», mais tous le monde est sûr qu’on est des personnes. Encore les exemples: changement et stabilité, début et fin, clair et obscur, sujet et objet, vivant et mort, une chose et une autre, existence et néant, conscient et inconscient, actif et passif, moi et toi, entier et part, passé, présent et futur.

    Des concepts «mixtes» sont les affirmations dans lesquels les mots sans sens concrets Des concepts «mixtes» sont les affirmations dans lesquels les mots sans sens concrets, notamment «éternité», «intégrité», «l’ordre cosmique», «justice», «dieu» sont accompagnés des termes qui désignent des perceptions concrètes, interdictions et obligations, par exemple, «honte», «c’est interdit», «fais-le», «obligé», etc. Par exemple, «la justice demande que je fasse ceci». Il n’est pas clair ce que c’est «la justice», mais il est évident ce «qu’il faut faire». Ou bien – «c’est honteux d’être mauvaise». Il n’est pas évident ce que c’est «mauvaise», mais il est évident ce que veut dire «éprouver la honte». Les gens sont littéralement rongés par une énorme quantité de concepts mixtes. Les concepts mixtes ont un impact destructible sur la capacité d’éprouver les perceptions illuminées (cela concerne également les désirs joyeux), puisqu’ils délimitent la vie de manière très rigoureuse, mais on ignore la raison de cette rigueur.

    Imagine un article dans le code pénal condamnant «un mauvais caractère» sans aucune explication, ou un article pour «ne pas avoir suivi la voie divine». Quelle confusion cela aurait provoqué si le pouvoir législatif jugeait selon ces articles et le pouvoir exécutif exécutait strictement les décisions de la justice? Mais cela se passe dans la vie ordinaire. Le législateur (le concept) dit: «c’est honteux d’être nu», l’exécuteur (le désir mécanique) demande de «se couvrir immédiatement», les surveillants (la honte, peur, réprobation, etc.) observent l’obéissance absolue à cet ordre. Par la suite, on en vient à un chaos terrible, encombrement d’EN, absence de désirs joyeux, et, comme résultat, on n’a point de changements qui mèneraient aux états souhaités.

    L’imagination peut aider à distinguer les concepts par la suite, par exemple, les concepts mixtes peuvent être divisés en:

    –                 concepts courants,

    –                 concepts de la pratique,

    –                 concepts sociaux,

    –                 concepts fondamentaux,

    –                 préférences mécaniques,

    –                 préoccupations,

    –                 jugements,

    –                 buts mécaniques,

    –                 jugements mécaniques,

    –                 interprétations mécaniques

    Les concepts courants sont ceux qui régissent notre vie chez soi, tels que «le linge misdans le placard doit être propre», «il ne faut pas manger assis par terre», «il faut se lever tôt le matin et ne pas faire de grasse matinée», «il est indispensable de travailler et gagner plus d’argent», «il faut respecter les personnes âgées», «il faut faire des économies», «il faut faire attention à ses affaires», «il faut avoir un objectif dans la vie et tâcher de l’atteindre», etc. Tous les concepts courants utilise de manière explicite ou implicite les notions de ce «qu’il faut faire ou pas», ce qui est «bien ou pas», etc.

    Mais on se pose pas trop la question sur ce qui est «bien ou pas bien», «indispensable ou non» et pourquoi «il ne faut pas le faire».

    Par analogie aux concepts courants on peut formuler les concepts fondés sur ma pratique comme, par exemple, «il faut éliminer les EN», «ce n’est pas bien d’être conceptuel», etc. La pratique de voie directe consiste en application des efforts pour réaliser des désirs JOYEUX, soit les désirs accompagnés d’enthousiasme, anticipation et d’autres PI, à condition que ces désirs se réfèrent à l’un de types suivants: 1) l’élimination des états sombres (des EN, concepts, désirs mécaniques, à savoir exempt de joie, sensations désagréables, conscience mécanique distinctive), 2) provocation de PI (voir la liste dans le chapitre «Stratégie de la pratique efficace»). En tout cas je conseille de suivre ses désirs joyeux, mais s’ils ne font pas partie de l’un de ces deux types, cela n’est pas alors la pratique de voie directe selon la définition, on pourrait les nommer autrement, par exemple, «les étapes préliminaires».

    Des concepts sociaux délimitent le comportement d’une personne dans la société, dans ses interactions avec d’autres personnes ou institutions sociales, telles que à la mairie, au supermarché, avec la police ou collègues au travail, etc.

    Afin de pouvoir traiter les concepts de manière efficace il est utile de distinguer et dresser la liste des affections conceptuelles les plus graves, qui sont ancrées si profondément que même une simple indication sur ces concepts sans parler d’un examen impartial ou élimination se présente comme une tâche extrêmement compliquée dû à un grand spectre des EN vives déchirantes, ainsi que oppressantes, qui surgissent immédiatement. Je nomme telles concepts «fondamentaux». Comme beaucoup d’EN y sont liées, un pratiquant est susceptible de ne pas même arriver à les découvrir! Il est alors utile dans ce cas-là de s’adresser aux autres pratiquants pour qu’ils te «fassent passer» par l’ensemble des concepts fondamentaux qu’ils connaissent, tout en observant tes réactions. Cette tâche est d’autant plus simple que chaque époque, chaque culture possèdent les concepts fondamentaux assez typiques.

    Les préférences mécaniques sont des ensembles d’idées au sujet de «ce serait bien si c’était comme ça». D’habitude, on ne se pose pas la question pourquoi ce serait «bien», mais on agit selon un schéma habituel sans faire l’analyse de ce qui s’était passé auparavant, lorsque ce qu’on considérait comme «bien» se passait en réalité. Les préférences non mécaniques sont des suppositions fondées sur le raisonnement suivant: «vue telles circonstances et conformités connues je suppose que de tels événements ont plus de chance de me mener à l’issu souhaité».

    Les préoccupations représentent des cas particuliers de préférences mécaniques, à savoir des ensemble d’idées sur «comment ce serait inacceptable si cela se passe comme ça», «pourvu que cela ne se passe pas». Ils sont accompagnées par une EN portant le même nom. Pourtant on n’analyse pas les changements qui ont eu lieu une fois que ce qu’on craignait s’était passé. Et si on faisait une liste de telles situations on arriverait facilement à la découverte des changements dans la vie qui ont été entraînés par ces événements de façon à nous faire penser que «tant mieux si c’est passé comme ça».

    Les jugements sont les perceptions décrites en conformité avec une certaine échelle. Un jugement mécanique apparaît lorsque l’échelle établie par toi est soit absurde, c’est-à-dire n’est pas construite selon l’analyse de l’expérience, apprise de façon mécanique, soit n’existe point, et les jugements se forment par habitude ou bien afin de maintenir des EN. Si un jugement se manifeste par la suite d’un désir joyeux et est fondé sur la faculté de penser de manière lucide, il ne se classe pas alors dans une grille très limitée des perceptions, et à n’importe quel moment on peut l’enlever, ce qui rend l’ensemble des interprétations souple et laisse la liberté qui contribue à surmonter la conscience distinctive mécanique.

    Les buts mécaniques sont des ensembles d’idées au sujet de ce qu’on «doit atteindre», «arriver à réussir». En même temps on n’analyse pas les changements survenus une fois les buts mécaniques précédents réalisés. Et lorsqu’on fait une telle analyse, on découvre facilement que finalement on a été déçu, puisque on n’avait pas obtenu ce qu’on comptait obtenir. Les buts non mécaniques sont les idées de sorte «je veux réaliser un tel désir joyeux». Il ne faut pas surtout confondre les idées et les désirs! Il y a un désir d’aller se promener et il y a une pensée «je veux aller me promener». En réalisant un désir joyeux (c’est-à-dire en atteignant un but non mécanique) j’observe la présence de la résonance entre le désir joyeux et les désirs décrits comme «les moyens de réalisation d’un désir».

    Les pensées que l’on nomme «les buts intermédiaires» appartiennent au même type de buts, ils correspondent aux désirs décrits comme «les moyens». Si l’on a envie de manger une omelette, on pense donc «je veux manger une omelette», et une pensée-but intermédiaire «il faut allumer la cuisinière» apparaît vue les circonstances données (y compris le désir joyeux et la présence d’une cuisinière, etc.). La confusion dans cette question est due au fait que dans notre langage le mot «but» est utilisé pour parler des pensées ainsi que des désirs. En éliminant cette confusion on atteint très facilement la lucidité.

    Les jugements mécaniques sont les ensembles de pensées comme, par exemple, «il n’aurait pas dû le faire», «c’est une personne bien».

    Les jugements non mécaniques sont des idées de sorte «vue tels comportements qu’il manifestait je peux supposer qu’il ressentait ceci ou cela», «puisqu’il s’est comporté ainsi je peux interpréter ses actions comme telles».

    Les interprétations mécaniques sont fondées sur une habitude qui se manifeste de façon mécanique, ou bien ce sont des EN qui les font surgir, mais pas les raisonnements. Par exemple, l’un est entré et a crié, l’autre peut se vexer et l’interpréter de manière à maintenir la vexation: «il est tout simplement insolent». Mais si le premier est capable de raisonner juste, il comprendra alors que toute une série d’interprétations est possible – l’autre est en train de faire une expérience, ou bien c’est une blague, ou «ce n’est pas à cause de moi qu’il crie», etc. Et vue les circonstances et les conformités données on peut, enfin, définir quelle supposition est mieux fondée. Ensuite, on peut poser des questions, observer le comportement et corriger l’interprétation s’il le faut bien.

     

    02-01-09) Je voudrais introduire la notion de «buts forts», ce sont des buts lesquels, d’après ce que l’on croit, une fois réalisés nous rendent plus heureux, tels que – finir une formation, se marier, faire une carrière, apprendre à parler le japonais, se muscler le corps, etc. Lorsque l’on ne les atteint pas, on se met à s’apitoyer sur son sort et on a les idées comme, par exemple, «si j’avais ça, ce serait une autre vie…» Mais la réalisation de ces objectifs ne rend sûrement point heureux, ce qui est facile à constater en voyant ceux qui les ont atteints, ou en observant son état à soi lorsque l’on formule de façon spasmodique de nouveaux buts à atteindre, mais ils n’y parviennent pas non plus, on se trouve alors de nouveaux raisons pour se justifier et se comprendre, on se forme de nouveaux objectifs et ainsi de suite, jusqu’à ce que les désirs joyeux ne disparaissent à tout jamais en nous emportant avec eux, vieux et atteints de gâtisme.

    En général, les gens se formule des buts forts par instinct grégaire, ou bien sous l’emprise de concepts, EN, l’envie de possession, pour éprouver le sentiment de sa propre importance (SPI), impressionner les autres, se sentir à son aise, sans entreprendre à examiner la vie des autres, ceux qui ont déjà atteint un but pareil, sans réfléchir de quelle manière la réalisation d’un but les ferait plus heureux. En réalisant des buts forts on éprouve, d’habitude, tout le spectre des EN connus.

    Si nos buts sont fondés sur le SPI, l’envie d’impressionner les autres, on se sent enthousiaste à apprendre des langues, lire des livres, se fait connaisseurs en matières tout à fait différentes, apprend l’art de déclamation, enthousiasme les autres, raconte beaucoup de choses, on possède des connaissances encyclopédiques et apprend les autres, impressionne les gens par ses connaissances et savoir faire, écrit des livres…, en le faisant on éprouve une grande quantité d’EN et finit la vie tout de même en marasme sénile et le vide, la tête remplie de chiffres, faits et hypothèses, le cœur et le cerveau transformés en muscle selon les lois anatomiques.

    Par contre, une personne guidée par un désir joyeux a également un but, mais ressent la joie et plaisir maintenant, à chaque instant en cours de sa réalisation, ceci est la propriété des désirs joyeux, en outre, la réalisation du but ainsi que le contraire ne l’empêchent pas d’avoir le plaisir de vivre.

    Je nomme les buts faibles ceux que les gens se mettent afin de s’étourdir, éliminer le train train et l’ennui, ce sont des jalons posés dans le vide pour se donner l’impression d’aller vers quelque chose. Un vide absolu se voit devant, mais qui a le courage de l’admettre? On lance donc par là – dans le vide inconnu – un jalon quelconque, qui se pointe et on y traîne pour recevoir sa dose d’anesthésie avec un soulagement abrutissant pendant le processus de mouvement, intervallé par de pénibles crises de nostalgie, sentiment de vie dénuée de sens, pour ressentir enfin la tranquillité livide et brève, une fois le but atteint, et ainsi on erre dans le cercle du trou sans rebords. Par exemple, tu consulte le programme de télé et tu vois que ce soir il y a un match de foot, tu se sens soulagé – la soirée va être remplie, il y a un but. Ensuite, tu appelleras un copain et toi et ta femme, vous allez être invités, vous allez prendre de la bière et discuter de ceci et cela, et le lendemain le boulot t’attend, il n’y a plus à quoi panser – le but est évident, et il va t’assommer de lundi à vendredi; et dimanche on va au cinéma, maintenant je vais dîner et l’heure qui vient je suis aussi occupé. Se sont les buts faibles, mais leur emprise est extrêmement difficile à se débarrasser. Je les ai appelé faibles parce qu’ils ne se manifestent pas comme des éclats vifs et prolongés, ils sont enveloppants tel le brouillard, mais il est assez fort pour tenir en poigne. La vie quotidienne d’une personne ordinaire n’existe pas sans buts faibles. Elle n’a pas de temps où elle n’est pas occupée par quelque chose, et si ce temps–là apparaît, il est forcément accompagné de contrariété et ennui; lorsque l’on ne trouve pas d’occupation tout de suite, des EN augmentent avec une intensité insupportable. Quand est-ce que la dernière fois on est resté assis, allongé, allé se balader sans aucun but? Resté à contempler le ciel, ou bien se promenait dans la foret en pensant à rien? L’encombrement incessant de buts faibles rend la vie incolore et fade, tel une bouillie sans goût.

    Essaie de rester oisif parmi les gens. Leur réaction sera immédiate et agressive, ils vont appliquer tous leurs efforts pour te remettre dans l’orbite d’activité quelconque en utilisant tous les moyens possibles, notamment la raillerie, jugement, persuasion, AN, contrainte directe. Personne ne doit jamais s’arrêter. Tout le monde doit tourner comme un écureuil en cage, tout le monde doit avoir des problèmes. Tel est la loi de notre société. Personne ne va pas être laisser aller sans conséquences au-delà des barbelés, en outre, nos propres concepts et craintes sont uns des gardiens principaux, car c’est affreux d’admettre sincèrement que tous nos buts sont vides, toutes les directions mènent au cercle fermé, toutes les accumulations et accomplissements ne changent rien dans notre façon de vivre l’instant présent – en éprouvant des EN ou bien PI. Au début la pratique d’élimination des buts faibles est accompagnée d’un choc pareil à celui qu’éprouve un toxicomane privé de sa dose, notamment d’un éclat très fort d’EN, des désirs venus de manière spasmodique, mais une fois cette «privation» surmontée, survient alors une merveilleuse PI d’intégrité, accomplissement. Les désirs joyeux, l’anticipation et d’autres PI qui se réveillent au fur et au mesure que l’on se libère des buts faibles ne sont non seulement en opposition avec cette intégrité mais résonnent avec elle.

    L’activité mécanique remplit complètement la vie et la rend grise et dénué de sens, et quoi que ce soit difficile de rompre ce cercle ce n’est pas absolument impossible, la question est d’appliquer des efforts joyeux. Examinons notre vie depuis l’heure qui vient de s’écouler: n’étions – nous pas occupés par quelque chose? Nos pensées n’étaient – ils pas tiraillées d’un côté à l’autre? Combien de minutes nettes par jour on souffre du fait que l’on n’est pas libre des concepts, EN, désirs mécaniques? Combien de minutes par jour tâche-t-on désespérément d’avoir les perceptions illuminées? Combien de minutes par jour est-on saisi par l’envie insurmontable des PI? Et avec tout cela espère-t-on quelque chose? On discute de recherche de vérité, de l’amour? Quelle absurdité évidente. Même pour apprendre l’anglais il faut s’y mettre pour de bon et pour longtemps. Pourquoi alors pense-t-on que pour se libérer des perceptions moroses et apprendre à avoir des PI il suffit d’en bavarder de temps en temps avec un bock de bière? Rien ne changera en toi si tu ne t’adonnes pas complètement à la recherche, à la pratique – incessamment, de jour en jour. Est-ce nécessaire d’expliquer? De jour en jour on regarde la télé, fait l’amour, lave le sol, prépare à manger, rêve de l’augmentation de salaire, belle voiture et beaux fringues, on mange trop, on se muscle, améliore ses capacités intellectuelles, tout en éprouvant des EN ou EP, mais ou est l’aspiration de se libérer des perceptions moroses et d’éprouver des PI dans tout cela? On travaille 10 heures par jour pour gagner sa survie, mais est-ce vraiment pour la survie? Et pas pour de belles choses, beaux meubles, voiture, maison de campagne, caprices de sa femme, l’envie de la part des copains? Et ensuite, la même personne proclame, la moue pathétique, à quel point la vérité est imperceptible!

    Le temps passe et d’année en année les gens changent leurs projets indépendamment de leurs aboutissements. Cet enchaînement ne cesse jamais. L’espoir de vivre «pour soi» plus tard ne disparaît jamais, et cela n’arrive pas de soi, aucun désir mécanique, dénué de joie n’y mène point. Premièrement, les affaires ne connaissent pas de répit. Deuxièmement, lorsque l’on se rend compte de l’absurdité de nos buts précédents, l’effroi nous saisit et on commence à en rechercher un nouveau. Troisièmement, quand une opportunité de vivre «pour soi» se présente, ne serait-ce que pour une brève période, il se trouve alors que l’on n’a pas même l’idée ce que c’est vivre «pour soi», on n’a plus de désirs joyeux! On s’invente donc un «hobby» – une occupation qui permet de ressentir la satisfaction provenant du fait de posséder quelque chose, ou bien qui donne la possibilité de faire impression sur les autres, et cela aboutit inévitablement aux nouvelles EN et buts mécaniques.

    Je propose une solution de sortie de ce cercle fermé: en éliminant les concepts – obstacles suivre ses désirs joyeux, soit les désirs accompagnés de perceptions illuminées, telles que la sympathie, anticipation, un sentiment de beauté, merveille, aspiration, etc. N’importe quel but formulé en rupture avec les désirs joyeux, ne résonnant pas avec eux, ne mène qu’aux mêmes EN. Transforme–toi en chasseur: guette, flaire tous les désirs joyeux, mêmes les plus faibles, les plus menus, réalise-les, et à force de cela ils vont s’approfondir, s’augmenter, s’étendre, supplanter les perceptions moroses et attirer les perceptions illuminées. Le critère d’état dégagé de buts conceptuels sont l’anticipation, l’extase de vivre le miracle de chaque instant.

    Indépendamment de l’époque et l’endroit des millions de personnes suivent le même chemin: naissance-accumulation-possession-mort. Le temps libre devient extrêmement pesant, car il entraîne la nécessité d’affronter le problème – «de quoi s’occuper», aussi tout le monde fait-il tout son possible de façon frénétique pour occuper tout son temps de quoi que ce soit au maximum. Et lorsque l’on reste en dehors de l’activité pour une période quelconque, on voit le monde autour de nous foncer en avant, on se sent abandonné au bord de la route et se met en première selle qui tombe et galope à la poursuite. Ainsi passe-t-on, tantôt en levant, tantôt se tassant la poussière flottant dans l’air.

     

    02-01-10) Parmi les interprétations on peut distinguer un type particulier – les interprétations du sens, lien, destination, etc., et un autre type – les interprétations des circonstances qui se divisent à leur tour en celles de comportements des gens, «comportements des objets», de son propre comportement et ainsi de suite.

    Lorsque l’on comprend qu’un phénomène est tout simplement un phénomène qui n’existe ni «pour quelque chose» ni «suite à quelque chose», cela simplifie l’élimination des interprétations mécaniques. Certains sont sûrs que si les étoiles existent, il y en a alors une raison et si une plante a des feuilles c’est «pour» synthétiser de la chlorophylle. C’est une forme extrême d’interprétation mécanique, et beaucoup de personnes en font preuve. Les perceptions des phénomènes de l’environnement existent en tant que telles, tout simplement, et il n’y a ni de perception de «la morale», ni «la justice», ni «le sens», puisque donner du sens à quelque chose veut dire introduire une interprétation de «prédestination», ce qui est une pure invention, car personne ne perçoit aucune «prédestination». C’est très facile à comprendre en raisonnant, pourtant il n’est pas si facile de se débarrasser de l’habitude morbide de chercher partout le «sens», «destination», «lien mystique», «châtiment» et d’autres démons. Notre époque est considérée comme celle de l’athéisme, ce qui est certainement faux car presque tout le monde est généralement atteint des superstitions primitives, inventions des «sens», «liens», «signes» et «significations».

    Prenons, par exemple, le «lien». En appuyant sur un bouton du clavier on voit apparaître une lettre sur l’écran. C’est précisément cela que les gens capables de raisonner considèrent comme un «lien» qui existe entre le fait d’appuyer sur un bouton et l’apparition d’une lettre; mais puisque le mot «lien» dans le sens propre signifie quelque chose de parfaitement matériel, notamment une corde ou chaîne, les significations se confondent (c’est pourquoi je crois que c’est inapproprié d’utiliser le mot «lien» dans le contexte donné et propose de le remplacer par un autre), finalement on croit qu’il existe un certain «lien» matériel entre la touche et l’apparition d’un symbole, un ensemble concret se perceptions, cependant il n’y aucune perception de tel genre, et le mot «lien» signifie exactement ce qui a été désigné, à savoir la perception «j’appuie sur la touche» est suivie par la perception «un symbole apparaît sur l’écran». Lorsque cette compréhension n’a pas lieu (ce qui est le cas courant chez tout le monde), d’autres concepts commencent à pulluler, celui de karma, châtiment, etc.

    Tels raisonnements sont susceptibles de paraître trop compliqués, mais en les examinant de près on n’y voit rien d’incompréhensible, il n’est difficile de s’y orienter que la première fois, et même cette difficulté ne provient pas des raisonnements en tant que tels, mais de l’effort nécessaire pour surmonter l’inertie par rapports des complètements des perceptions absentes, la peur de se retrouver privé de ses illusions. Mais une fois la lucidité venue, elle se développe dans d’autres situations semblables, puis il se trouve que c’est tout simplement magnifique d’avoir la perception lucide.

    Prenons comme exemple un dialogue typique:

    – Il existe un lien entre une mère et son enfant.

    – Tu le perçois comment?

    – Il se sentait mal hier, et moi aussi.

    – Ce qui veut dire qu’il y a la perception de ses paroles disant qu’il se sent mal, et la perception de son comportement que tu interprètes comme «il se sent mal», et tes perceptions à toi que tu appelles «je me sens mal». Mais qu’est-ce que cela veut dire «mal»? Est-ce que l’on est sûr de nommer ainsi la même chose? Sûr du fait que ton «mal» n’a pas apparu par habitude de se sentir «mal» quand il est «mal»? Lorsque tu vois qu’il est triste, tu le plains et, par la suite, les deux se sentent «mal». Et où est la perception du «lien»?

    – Comment ça? C’est celui – là, le lien entre nous – il est mal et moi aussi.

    – Ce n’est pas un «lien», mais tout simplement l’habitude d’avoir certaines perceptions sous certaines conditions.

    – Non, c’est un lien, parce qu’il se sentait mal et moi aussi.

     

    Et ainsi de suite. Il n’est pas vraiment possible de l’expliquer s’il n’y a pas d’efforts réels ayant pour but d’atteindre la lucidité.

    En ce qui concerne les interprétations des comportements des autres, cela va de même. Les gens et leurs comportements représentent pour toi un ensemble spécifique de tes perceptions à TOI, ce de quoi il n’y a plus rien à dire, à part qu’ils existent. Un moineau s’envole, est-ce que cela va provoquer en toi des EN? Non, puisque l’on est habitué de l’interpréter comme «un phénomène naturel» (ce qui est, d’ailleurs, un concept abstrait). Une personne en colère a lâché un juron en passant. Cela provoquera-t-il des EN? Certes, puisque une autre habitude se manifeste, une personne qui passe n’est pas considérée comme «un phénomène naturel», elle est dotée de «conscience», «volonté» (ce qui est, d’ailleurs, un concept abstrait), alors d’autres schémas de comportements sont déclenchés, en conséquence, des EN apparaissent.

    Mais si tu comprends que la perception d’une personne qui jure n’est qu’un ensemble de tes perceptions à TOI, lequel tu nommes «les phénomènes de l’environnement» (ce qui est, d’ailleurs, un concept abstrait), le schéma des réactions sous forme d’EN peut ne pas fonctionner. Lorsqu’une grande vague de mer se heurte contre toi, tu te pelotonnes et résistes, est-ce que tu la déteste vraiment? Non, et, en plus, elle est susceptible de te transporter de joie, d’ admiration, bien que tu comprennes qu’elle peut te frapper et même très fort, parfois les vagues peuvent tuer. Si l’on est attaqué par une personne sous l’emprise d’alcool, on fait la même chose – on résiste, mais par habitude interprète ses actes non comme résultant de l’ensemble des désirs mécaniques qui se produit, mais invente une certaine «personne» et en ayant un concept de ce qu’elle «doit», on ressent des EN.

    On croit que nos proches possèdent des qualités particulières qui les distinguent parmi les autres, qui les font plus «proches». Mais une telle perception comme «lien de parenté» n’existe pas, on l’invente et suit le schéma typique construit sur ce fantôme. Qu’est-ce qui s’ensuit du fait que cette femme a donné naissance à un enfant, qui s’est transformé peu à peu de façon mystérieuse en ce que l’on nomme «soi»? Est-ce que cela voudrait dire que l’on va avoir les intérêts communs et aimer vivre ensemble et communiquer? Et, de plus, avec son mari, son père, frère, sœur, la femme de son frère, leurs enfants, grand-mère, grand-père, leurs amis,… n’est-ce pas une absurdité évidente?? Qu’est–ce qui s’ensuit du fait que tu as donné naissance à un enfant? Cela signifie-t-il que cette personne qui t’est absolument inconnue, après avoir grandi dans ton ventre doit être intéressante et proche pour toi? En plus, sa future femme, leurs enfants, le frère de sa femme, les enfants du frère de sa femme,… Le concept du «lien» avec ses proches a deux propriétés spécifiques: 1) c’est sacré dans notre société, 2) son absurdité non justifiée, contradiction à tout le reste de l’expérience humaine sont si fortes qu’il n’est pas possible de les manquer. Mais toute tentative de le penser sincèrement et commencer à se comporter en conformité avec ses désirs joyeux et en opposition à ce concept est vouée à provoquer une haine extrêmement forte de la part des proches, et le sous-estimer voudrait dire s’exposer au danger. D’ailleurs, si l’on parlait du «lien». Au moment où un fils ou une fille se rend compte que ses parents sont peu intéressants pour lui (elle), lorsqu’il (elle) commence à suivre ses désirs joyeux, aussitôt le sentiment du «lien» que ses parents éprouve pour lui prend une forme très étrange, à savoir une forme de haine. Dans le recueil des articles je vais mettre les articles des pratiquants sur ce sujet, et ce n’est pas un sur deux ou sur trois, mais neuf sur dix pratiquants qui sont confrontés au fait que ses parents, en le voyant cesser de prétendre que c’est intéressant pour lui d’être avec eux, se mettre à éliminer des EN, voyager, suivre ses désirs joyeux, déclare une véritable guerre à leur enfant «bien aimé» et «proche», notamment ils le kidnappe, l’enferme, l’attache, l’envoie dans une clinique psychiatrique (ce qui n’est plus possible à notre époque), et même essaient de le tuer! Appellent la milice à résoudre le problème, et celle-là exerce ses fonctions en toute bonne foie – hausse la voix en parlant aux enfants majeurs! Désobéissants, les intimide, les menace de la prison (!!). Les parents aimants font des requêtes aux organes respectifs disant que j’ai une secte, que je viole des jeunes filles, les vends aux maisons closes, les transforme en «zombies» (??), m’écrivent en tant que l’auteur de ce livre des lettres contenant les menaces de me tuer, et même considèrent sérieusement la résolution de le faire et le prononcent à haute voix, voient en moi un suppôt de l’enfer. J’ai alors un conseil à donner aux futurs pratiquants, si tu veux donner à tes proches la possibilité de connaître la PVD, donne-leur le livre en pile avec les autres – ceux de Gourdjiev, Osho, Castaneda, etc. Qu’ils choisissent eux-mêmes, et toi, choisis ta voie toi-même, ne tente pas d’ «éclaircir» les choses, cela ne sert à rien. Sinon attend-toi à la guerre à mort que tes «proches» vont te déclarer.

    Comprendre suite aux raisonnements que le «lien parental» est un fantôme inventé ne suffit pas pour surmonter son influence exprimée par diverses «je dois». Pour surmonter les actions mécaniques réellement, je conseille de faire un examen minutieux des proches afin de comprendre ce qu’ils représentent en tant que personnes, à quel point ils sont vraiment proches et intéressants pour toi. Fais une liste d’une centaine de questions les réponses auxquelles sont importantes pour toi, demande-les d’y répondre en l’expliquant par l’envie de les connaître mieux. Les questions peuvent comporter celles concernant les relations sexuelles, EN, bref, tout ce qui t’intéresse vraiment. Ensuite, examine leurs réponses de manière impartiale et fais-en ton opinion.

    Passons à la question de l’interprétation des circonstances. Lorsque l’on se heurte contre un caillou on pense «quel salaud, il faut absolument qu’il soit là…». Lorsque l’on ouvre un livre et trois fois de suite il tombe des mains, on pense alors «qu’est-ce que c’est que ça» et on devient irrité. Telles manifestations qui témoignent de la présence des interprétations mécaniques sont nombreuses, il suffit seulement d’observer pour voir que la vie en est tout simplement pleine, chaque instant est bourré des interprétations. On «sait» que le livre «doit» s’ouvrir dès la première fois; on s’attend à ce qu’il n’y ait pas de caillou sur la route; on est sûr que le fils des voisins «doit» dire bonjour le premier, et que notre enfant «doit» avoir de meilleurs résultats à l’école, le gouvernement «doit» mener la politique monétaire plus correcte et le nouveau réfrigérateur ne «doit» pas tomber en penne. Les interprétations mécaniques des circonstances sont partout, toute la vie est entravée par elles.

    Quand on commence à éliminer les interprétations mécaniques, une sensation particulière de fraîcheur et les perceptions illuminées apparaissent. Dans notre petite enfance on ne portait pas de poids d’interprétations, on regardait le monde tout simplement avec les yeux grand ouverts, au fur et à mesure que l’on élimine des interprétations mécaniques, on commence à ressentir de nouveau la fraîcheur des perceptions d’enfance. Le monde devient plus profond, plus large, plus haut, plus merveilleux, plus étonnant et plus transparent, de nouvelles dimensions perceptives y apparaissent, dimensions étouffées auparavant en germe.

    Les interprétations sont des ensembles d’idées qui se groupent en concepts structurés de façon très rigide. C’est facile à voir. En étant dehors on sait que l’on est en «hiver» maintenant. En rentrant chez soi on sait ce qui est dehors, derrière la fenêtre. En allant au travail on sait où l’on arrive finalement et que là on va avoir tout comme d’habitude. Je sais comment je m’appelle. Sait dans quel pays j’habite, quelles personnes m’entourent. Tout cela est un ensemble d’interprétations fixé de manière limitée, et je ne peux pas voir ce que je ne vois pas normalement. Lorsque l’on voit un «arbre», on «sait» pertinemment qu’un «arbre» est représenté par des branches, un tronc et des feuilles, et l’on ne ferait attention à la lumière glissant entre les feuilles, ni ne verrait le jeu des ombres, ni ressentirait une sensation de beauté et d’anticipation résonnant mystérieusement avec. Je ne remarquerais la lueur de désir joyeux, ni retournerais pour aller dans une autre direction, puisque je «sais» que je vais au magasin.

    J’aime voyager – balader dans une ville inconnue, voir des choses les plus ordinaires en ressentant une sensation merveilleuse d’isolement, de fraîcheur provenant tout simplement du fait que je ne connais rien ici, je ne suis jamais venu ici et ne sais pas ce qui m’attend au coin de la rue. Je sais que personne ne me connaît ici et je me sens libéré. Je ne sais pas ce que je vais ressentir dans une minute ou deux – rien n’est programmé, aucune habitude ne s’est pas encore formée. C’est quoi qui nous empêche de le ressentir ici et maintenant – chez soi, au travail, dans le transport en commun? C’est l’habitude de se sentir «chez soi», en plus l’habitude de s’ennuyer, de rester insensible, fatigué(e), ne s’attendre à rien, ne pas écouter ses désirs et perceptions illuminées. Lorsque j’imagine que j’habite une autre ville, que personne ne me connaît ici, que je ne suis pas du tout moi, la vie alors se réveille, les désirs joyeux s’accentuent. Mais, bien sûr, l’idée suivante surgit: «ce ne sont que des jeux, en réalité je sais où je me trouve», et tout disparaît, l’ennui quotidien prend sa place. La conscience lucide du bon sens ne s’oppose pas aux perceptions illuminées, bien sûr, en pratiquant ce type de «l’oubli» on peut ressusciter telles PI lesquelles ne se manifestent pas dans les circonstances données, les retenir et s’entraîner à les ressentir indépendamment des interprétations. Comme les perceptions qui n’existaient pas auparavant se manifestent, cela veut dire que «moi» d’autrefois n’est plus «moi» de maintenant, puisque «moi» n’est qu’une désignation de l’ensemble de perceptions qui se manifestent dans cet endroit.

    Chaque minute, chaque seconde on se trompe en disant: je connais tout ça, il n’y a rien de nouveau. Je sais ce qu’il y a, ce qui va se passer et où je vais être l’instant suivant, etc. La matrice dans la tête ne s’arrête jamais de fonctionner, et le temps qu’elle fonctionne on peut être sûr que 99% de tout, ce qui peut présenter de l’intérêt maintenant, passe à côté. Un schéma de désignations est imposé au monde, le schéma qui ne permet pas de sortir de ses limites.

    Je me lève le matin. Je me dis que je suis chez moi, c’est ma maison, mon appartement, ma ville, je vais faire ceci et cela, j’ai des certains projets, il pleut dehors, c’est désagréable, sombre, sans issu… un ensemble d’associations habituelles lié avec cette description surgit et je deviens un individu insignifiant, médiocre.

    Je me lève le matin. Je sais que je vais faire des efforts pour éliminer les états sombres, moroses, c’est pourquoi tout peut arriver. Quelque chose de nouveau peut se passer indépendamment de ce que je suis, ni où je me trouve, à n’importe quel instant la vie peut changer, ce qui fait un peu peur et excite en même temps. Et chose étonnante, ma vie peut changer si je me mets à agir pour chasser des idées toutes faites, des façons préconçues de percevoir et traiter le monde. Je sens que je touche le pouls de la vie et, immédiatement, les événements mystérieux commencent à se produire – des idées fraîches et intéressantes, états d’esprit nouveaux, éclats de PI nouvelles ou bien déjà connues apparaissent, je commence à me comporter autrement, une voie s’ouvre tout juste en moi.

    Auparavant je ressentais un besoin aigu d’aimer, pourtant la matrice dans ma tête me disait que je voulais aimer mais aimer qui! Et bien, je n’avais pas à ce moment-là à mes côtés une telle personne qui m’inspirerait d’admiration, pour laquelle je pourrais avoir de l’amour. Et tout de suite je ressentais l’ennui, grisaille, dégoût. Ainsi des mois pouvaient passer, où je n’avais pas d’amour, puisqu’il n’y avait personne que je pourrais aimer. Mais un jour est venu où je me suis posé la question suivante: au propre, où est la différence? Je veut éprouver de l’amour maintenant! Quelle importance si en ce moment il n’y a personne dont je pourrais m’éprendre? Peut-être puis-je tout simplement imaginer une telle personne, puisque je veux éprouver de l’amour, et cela a quelle importance – pour qui? J’ai essayé d’imaginer une jeune fille dont une certaine image s’est formé, mais j’ai compris que je n’arrivais point à aimer une image abstraite. J’ai alors posé la question autrement – il se peut que je puisse aimer si je suppose que quelque part il existe une jeune fille dont je tomberais amoureux si je la rencontrais. Mes yeux ne la voient pas, j’ignore comment elle est, mais le fait que j’ai envie d’aimer veut dire que je la sens et je l’aime. Et pourquoi mes raisonnements devraient-ils tuer mon envie et capacité d’aimer? C’est comme si je disais: il fait nuit, mon amour, il fait très noir, je ne te vois pas, comment puis-je t’aimer? Est-ce ridicule? Tout à fait. Portant les cas se ressemblent – je ne vois, ni n’entends, ni ne sais rien de son existence, mais justement le besoin de ressentir l’amour est en lui-même la connaissance que j’ai d’elle. En acceptant cette hypothèse j’ai découvert que je suis capable d’éprouver de l’amour! Je me sentais à ce moment-là un peu fou, gêné, puisque la raison me murmurait: «Mais alors… comment peut-on aimer n’importe qui? Tu délires…». Délire ou pas, mais il n’y avait qu’une alternative, notamment soit je le ressens maintenant soit je ne le ressens pas. J’ai opté pour ressentir, en faisant ainsi apparaître une perception illuminée, en éloignant l’ennui fondé sur le concept de l’absence de la personne aimée. Si l’on croyait que mes émotions sont des illusions ou bêtises ou folie, je m’en fiche, puisque j’AIME ce que je ressens maintenant, j’aime la façon dont la vie change suite à telles émotions.

    Plus tard j’éprouvais de l’amour adressé à personne en particulier, autant que je pouvais porter. Mes relations personnelles avec la personne aimée n’en empêchait pas, puisque nos individualités en se croisaient pas, et ma disposition d’autrefois d’éprouver des EN ne constituait aucun obstacle pour l’amour. Cet amour possédait les qualités uniques, à savoir que non seulement il n’était adressé à personne en particulier, mais de plus il ne provenait pas de moi! Comme si je me trouvais sur la voie du flux d’amour, qui me pénétrait ne partant d’aucun endroit ni n’aboutissant nulle part. Plus tard, l’expérience de tel amour m’a appris d’aimer une personne concrète sans y mêler des EN de possession, jalousie, etc. L’amour est devenu justement un Sentiment, et non un mélange féroce de EN et EP.

    Il n’ y a rien qui mettrait plus de limites dans la vie que la fausse vision que la vie est limitée. Mon expérience m’a mené à la conclusion suivante: les émotions ne font partie indéniable de moi, on peut les sélectionner selon notre volonté. En réfléchissant sur ce que je veux j’ai compris que des EN constituent un bagage que je porte par inertie, mais dont je veux me débarrasser. Je me suis alors posé l’objectif de cesser d’éprouver des EN, et l’atteindre s’est révélé une affaire extrêmement passionnante, quoi que difficile.

     

    02-01-11) Les changements dans la vie des gens deviennent leur nouvelle prison, puisqu’ils ne sont pas provoqués par les efforts de réalisation des désirs joyeux, mais sous l’influence des désirs mécaniques conditionnés par des EN, concepts, peurs. Par exemple, on se marie non à cause de l’amour et désir joyeux de vivre avec la personne, mais parce qu’il le «faut bien», «il est le temps», «c’est confortable», «pratique», «les copines le conseillent», «on peut faire l’amour en toute légalité», «il est temps d’avoir des enfants, puisque la prédestination de la femme…», «c’est un brave homme», etc. On passe d’une cellule à une autre, change les attachements et types de morosité, et la vie reste la même source de souffrance indépendamment de ce que l’on fait. La formule suivante – «fais ce que tu veux, tu le regretteras quand même» – caractérise bien le comportement des gens.

    L’un des moyen de se retenir en prison est un ensemble d’interprétations mécaniques, soit les interprétations qui ne proviennent ni des raisonnements, ni de la résonance avec les PI, mais naissent de manière automatique, par habitude, sous l’emprise des EN et concepts, par la suite, une interprétation se colle à demeure à un phénomène et on la perçoit non comme l’une des possibles, mais comme une «essence véritable» en tant que telle. Les concepts entourés d’interprétations automatiques deviennent particulièrement stables, se transforment en «support» dans la vie, malgré les souffrances que ce «support» apporte, les peurs ne laissent plus la conscience entrer ce domaine. Par exemple, si l’on a le concept «l’enfant doit faire ses devoirs» et l’interprétation «c’est mon enfant», rien ne sauvera le malheureux – il fera ses devoir à mort, quels que soient ses désirs joyeux. Mais si l’on examine le concept de «mon enfant», et préfère le concept «une personne autonome avec ses désirs joyeux, qui choisit sa vie lui-même, qui apprendra par ses propres moyens, y compris par les conséquences de son propre choix» au concept «mon enfant», à ce moment-là notre concept deviendra évident, accessible pour l’examen et en n’ayant plus de pouvoir d’agir sur nous cessera de faire apparaître une immense quantité d’EN de types différents, en plus l’enfant aura la chance d’éviter la violence sans merci, commencer à éprouver et réaliser ses désirs joyeux, commencer à vivre, enfin.

    En regardant un morceau de viande une personne ordinaire voit un bon repas, un végétarien voit une partie de cadavre découpé d’un animal. Dans les deux cas le morceau de viande est le même, mais les interprétations sont principalement opposées, dans les deux cas les personnes croient que leurs interprétations sont uniques et véritables. Chaque événement et chaque phénomène s’interprètent, mêmes le moins signifiant.

    Le choix de l’interprétation dépend de l’ensemble de concepts et habitudes, mais il est possible de faire autrement. Par exemple, une fois licencié, lorsque l’on ne ressent pas de PI, l’interprétation habituelle de cet événement apparaît, en raison de quoi des EN surgissent. Mais si l’on est pratiquant, on l’interprètera autrement, comme par exemple: a) il y a une chance de s’entraîner à éliminer de fortes EN, et si l’on arrive à les surmonter, la capacité d’éliminer des EN sera plus parfaite, des PI se manifesteront de manière plus active; b) on est mis hors du milieu, dans lequel l’on a acquis une grande quantité d’habitudes mécaniques, dont on n’a pas réussi à se débarrasser complètement, dans des conditions nouvelles on pourra se mettre immédiatement à construire de nouvelles habitudes; c) on ignore comment la vie va changer désormais, ainsi que de nouvelles possibilités qui vont se présenter. Encore un exemple – une EN surgit. Une interprétation – «c’est un obstacle pour la pratique», et une autre – «cela rend la pratique plus intense, puisque l’on a acquis encore plus d’expérience, révélé la situation dans laquelle des EN surgissent toujours, et l’aspiration d’avoir PI a encore apparu».

    Je choisis les interprétations qui ne contredisent pas la lucidité d’esprit et résonnent avec les PI, puisque je me rends parfaitement compte qu’une telle interprétation comme «en réalité» n’existe pas. Il n’est point nécessaire que ce ne soit qu’une interprétation, il peut y en avoir plusieurs, elles ne se gênent pas l’une l’autre. Lorsqu’une EN apparaît, c’est quoi «en réalité» – un obstacle ou bien tremplin? Qu’est-ce que c’est un arbre «en réalité»? Des feuilles ou échappées de lumière entre elles? Ou les deux? Ou, en plus, la sensation de beauté, qui, s’il n’y a pas d‘EN servant de paravent, apparaît toujours dans cet endroit aussi invariablement que les perceptions visuelles, tactiles et auditives? En effet, je fixe «la sensation de beauté», mais il n’y a pas de telle perception «ma sensation de beauté».

    En choisissant de façon mécanique une interprétation et en la croyant la seule véritable, on se transforme en un corps sans vie. On devient un imbécile qui «sait tout». Les PI comme l’anticipation, aspiration, attente et d’autres PI à leur suite cessent de surgir, la raison nous quitte, les désirs joyeux ne se révèlent pas, il n’y aura pas de découvertes, et les EN vont régner sans partage, en transformant le visage en masque et le corps – en un abcès douloureux et vieillissant de façon impétueuse. Si l’on regarde autour de nous, on voit des gens qui savent toujours tout. C’est quand la dernière fois que, en posant une question, on a entendu la réponse de sorte «je n’ai pas assez de clarté dans cette question», ou «je ne suis pas suffisamment bien renseigné pour en avoir un jugement», ou bien «j’y ai réfléchi, mais ne suis pas arrivé à une conclusion concrète», ou encore «en ce moment mon opinion et telle, elle est fondée sur telles observations, suppositions et données et pour l’instant je n’ai pas de raisons pour la changer»? Je dirai la chose suivante: jamais on n’entend telles réponses et on n’en entendra de personne, sauf ceux qui font la même pratique que moi.

    L’état dégagé de concepts libère la voie pour les PI. Par exemple, lorsque l’on veut éprouver de la tendresse, sympathie, admiration, sensation de beauté, mais il n’y a pas la personne à l’égard de laquelle on pourrait avoir ces PI, on ne les ressent alors pas, en se soumettant ainsi au concept disant que l’on ne peut éprouver tout ça que envers quelqu’un concrètement, quelqu’un que l’on connaît, peut voir et sentir. Et on pense: «et bien, la personne envers laquelle je pourrais ressentir ça n’est pas là…», tout est fini avec cela, cependant, en effet, rien ne nous empêche d’éprouver ces PI.

    Suite à un examen de bonne foi des interprétations la vision lucide apparaît – il n’existe point «en effet», mail seulement les perceptions et leurs interprétations, qui sont susceptible d’être contradictoires ou pas de point de vue logique, de résonner avec les PI ou pas, de correspondre aux observations effectuées ou non, ainsi qu’être construites en prenant en considération les témoignages des autres ou pas. Cette vision lucide, ainsi qu’une n’importe quelle autre, est vécue comme quelque chose de merveilleux, tel une sensation d’une vaste étendue sans limites, liberté.

    La lucidité qui surgit lorsque l’on se libère de l’emprise des interprétations mécaniques est une perception illuminée autonome. Pour décrire cette perception on se sert des mots et images, mais la lucidité n’est ni mots, ni images. Les différences sont nombreuses:

    a) quand la lucidité résonnant avec la phrase suivante – «tous les gens autour sont soit tout le temps endormis, soit déjà morts» – surgit, l’instant suivant elle peut disparaître, tandis que la lucidité du bon sens reste, on a beau radoter cette phrase, rien ne change, on n’arriverait à faire réapparaître la lucidité que suite à de nombreux efforts, suite à un nouvel élan vers la sincérité;

    b) la lucidité possède une immense quantité de nuances, de niveaux, tandis que le niveau de la lucidité du bon sens est unique – soit on comprend l’acheminement des raisonnements soit non;

    c) la lucidité provoque la résonance avec d’autres PI, tandis que la lucidité du bon sens reste une perception isolée, c’est justement pour cela que les gens avec l’intelligence bien développée demeurent le plus souvent bornés, complètement immergés dans les EN.

     

    Et ainsi de suite. Dans la langue courante le mot «lucidité» s’emploie pour les deux cas, cette confusion aboutit à un embrouillage complet.

    Encore un exemple: l’habitude d’interpréter certaines conditions comme «inappropriées» pour la pratique, puisque les conditions sont «inappropriées» il ne reste que soit attendre jusqu’à ce qu’elles «s’améliorent», soit se mettre à les «améliorer», ce qui peut prendre une vie entière, et en fin de compte on n’aura que les conditions «inappropriées» subséquentes. L’ensemble des conditions comprises dans la catégorie d’»inappropriées» peut s’agrandir jusqu’à englober toute une vie en devenant un prétexte pour ne pas pratiquer. Cette erreur peut être évitée en définissant le sens exacte du mot «inapproprié», ainsi qu’en suivant ses désirs joyeux, y compris les désirs de changer les conditions, les désirs de cesser de les changer et les désirs de se concentrer sur la pratique quels que soient les conditions et désirs. La pratique devient parfois particulièrement efficace dans les conditions précisément non désirées, si notre fermeté et persévérance sont à la hauteur, à ce moment-là on peut avoir envie de créer spécialement les conditions prises auparavant comme pour inappropriées (voir le chapitre suivant sur stalking et ascétisme). La position d’un pratiquant est la suivante: n’importes quelles circonstances sont les conditions parfaites pour la pratique, c’est un challenge que l’on prend avec joie et admiration. Tu es assiégé par les proches agressifs? Ce sont les conditions parfaites pour éliminer l’AN provoquée, l’agressivité réactive, apitoiement sur soi-même et d’autres EN.

    Castaneda a écrit: «un guerrier prend son sort tel qu’il est et l’accepte tel qu’il est avec l’humilité absolue, non en tant qu’un prétexte pour se désoler ou en tirer fierté, mais comme un défi vivant». Si l’on remplace le mot»sort» par «les perceptions qu’on appelle des circonstances» et les perceptions qu’on appelle «le soi», le mot «humilité» – par «l’absence d’EN et d’EP», si l’on prend «un défi vivant» comme ce qui résonne avec l’anticipation et l’élan, le sens de cette phrase devient alors parfaitement clair.

    Ces exemples-là sont plus ou moins compréhensibles, prenons un exemple dont la compréhension demanderait un effort. Est-ce que l’on considère des feuilles, branches et tronc comme parties d’un arbre? Oui, effectivement. Pourquoi? Pourquoi une feuille ferait partie d’un arbre, mais une voiture garée dessous ne le serait pas? Est-ce parce qu’une feuille pousse progressivement? Et la voiture s’en approche progressivement. Qu’est-ce qu’il y a de si différent entre les deux progressions? Le fait qu’on pourrait observer de façon continuelle le lien entre l’arbre et une feuille? Mais on peut aussi bien tracer sur terre le lien entre l’arbre et la voiture, d’autant mieux que si la voiture touche l’arbre. Est-ce parce que la sève coule de la branche vers la feuille? Mais un ruisseau coule de la voiture vers l’arbre. Finalement, il est clair que le problème de ce qui fait partie d’un arbre se résout par consentement, et que le critère selon lequel on pourrait distinguer est facile à trouver, notamment: une feuille détachée de l’arbre commence très vite à changer d’aspect, à sécher, tandis qu’une voiture ne changera pas lorsqu’elle s’éloigne d’un mètre de l’arbre. Il y a toujours des feuilles sur les arbres selon certains cycles tandis que des milliards d’arbres dans la taïga ne sont jamais touchés par des voitures. Et maintenant si l’on se posait la question suivante: la sensation de beauté qu’on éprouve en regardant un arbre fait-elle la partie de ce dernier? Tout le monde considèrerait cette question comme stupide, puisque la réponse est absolument claire – bien sûr que non, la sensation de beauté ne fait pas partie de l’arbre. Ceci est une interprétation rigidement établie. Prenons un dialogue suivant comme exemple pour voir qu’une autre interprétation est possible:

    –                 Lorsque je regarde un arbre et vois son tronc, j’ai donc une perception visuelle, cette perception est justement à moi, mais je l’appelle «la perception d’une partie de l’arbre», et lorsque j’éprouve la sensation de beauté pourquoi ne l’appellerais-je aussi la perception d’une partie de l’arbre?

    –                 Parce que à chaque fois que tu regardes un arbre, tu as la perception «je vois un tronc».

    –                 J’éprouve à chaque fois que je regarde un arbre la sensation de beauté aussi.

    –                 A chaque fois?? N’importe quel arbre??

    –                 Oui, à chaque fois. A condition que je n’aie pas d’EN.

    –                 Hein, si tu éprouves des EN, la sensation de beauté n’apparaît pas?

    –                 Bien sûr, mais lorsque tu fermes les yeux, la perception d’un tronc n’apparaîtra pas.

    –                 Mais toutes les feuilles d’un arbre sont différentes, leur diversité est infinie, la perception de la beauté est la même, ce qui veut dire que la perception de la beauté ne fait pas partie d’un arbre mais est une particularité de ta perception à toi, en effet, si tu mets des lunettes roses, cela ne voudra-t-il pas dire que le monde est rose?

    –                 La perception de la beauté n’est pas la même. Elle est aussi infiniment variée, mais lorsque tu passes ta vie en EN et les perceptions illuminées sont rares pour toi, tu n’as pas d’expérience de distinction des nuances de cette sensation.

    Voici une conclusion extraordinaire qui montre le chemin de nombreuses études et découvertes. Dans cet exemple la raison pour laquelle l’interprétation est fausse n’est pas seulement l’inexactitude de la définition du mot «partie», mais aussi l’absence de l’expérience des PI. Celui qui ne sait pas distinguer les formes et les couleurs dirait que toutes les feuilles sont pareilles, dans notre enfance on apprend forcément à distinguer les formes et les couleurs, lorsque la mère demande d’apporter une tasse bleue et toi, tu lui en apporte une verte, tu aura alors ta portion d’EN et la motivation de distinguer le bleu du vert.

    Encore un exemple simple mais instructif: en restant au bureau l’on «sait» que derrière la fenêtre il y a une ville sale et pleine de bruit et derrière le mur – les gens bêtes et irrités. Mais il y a aussi autre chose derrière la fenêtre et le mur, notamment: l’océan, taïga, montagnes et animaux, c’est que tout simplement on le voit pas de la fenêtre mais on le sait car on a voyagé et vu. Pourquoi choisit-on ne pas penser à ce qui résonne avec les PI? Par habitude. Les deux interprétations ne contredisent pas nos perceptions du monde, c’est pourquoi un pratiquant choisit de savoir qu’il y a l’océan, sommets des montagnes, prés et forets derrière les murs du bureau.

    Prenons encore un exemple qui mène aux conclusions importantes. Quoi que des philosophes en disent, tout le monde (y compris des philosophes) croit dur comme fer qu’il existe l’objet et le sujet. Pourtant, ce n’est qu’une interprétation de nos perceptions. L’explication est évidente, il ne faut pas chercher à faire une analyse approfondie. De toutes les perceptions qui existent, qu’est-ce qu’on pourrait en dire à part qu’elles existent? On pourrait en dire cela: indiquer leur différences et les décrire. C’est sans aucun doute vrai, et ce qu’on fait souvent c’est qu’on indique les différences, on donne aux différentes sortes de perceptions des noms différents, on les utilise dans la vie quotidienne et la pratique et on obtient des résultats souhaités. Evidemment, on ne trouve jamais les soi-disant «limites», par exemple, «une chaise» est un objet avec des pieds, un siège situé sur ces pieds et un dos attaché au siège. Dans un magasin de meubles on peut trouver aussi un objet qui s’appelle «une chaise», mais qui représente quelque chose absolument différent de ce qu’on a décrit, par exemple, ce serait «un pouf» – sans pieds, ni dos, avec quelque chose qui rappelle à peine «un siège». On pourrait le classer aussi en tant qu’»un oreiller». C’est évident à comprendre, l’inexactitude de ce genre-là ne nous empêche point de réaliser nos désirs dans la vie quotidienne, on utilise donc toujours avec succès cette méthode, notamment: classer les perceptions et se mettre d’accord sur leurs désignations.

    Ensuite, qu’est-ce que j’appelle «ma main»? L’ensemble des perceptions visuelles concrètes, des sensations et perceptions tactiles. Qu’est-ce que j’entends par «sa main»?

    L’ensemble des perceptions un peu différentes. Mais ce n’est qu’une désignation, sur quoi sont fondés nos perceptions de «soi» et «lui», tandis que de telles perceptions comme «moi» et «lui» n’existent pas? Et qu’est-ce que c’est qu’»un arbre»? C’est aussi un ensemble de certaines perceptions. Et pourquoi croit-on qu’un arbre est «un objet»? En effet, il n’y a pas de telle perception comme «objet», il n’existe que des perceptions concrètes qu’on désigne par le mot «arbre», mais ces perceptions sont»à moi» – le toucher d’écorce, le goût d’une feuille, tout ça existe ici, c’est «à moi», mais c’est quoi «un arbre»? Ce n’est pas clair. Mais il est évident que «moi», «toi», «un objet» ne sont qu’une méthode de désignation des perceptions! Ainsi je peux jouer aux échecs avec moi-même, en partageant mes pensées en «moi» après avoir joué avec les «noirs» et en «mon adversaire» – après avoir joué avec les «blancs».

    Et on en arrive où finalement? A quelque chose qui dépasse de façon tellement catastrophique la manière commune de voir le monde que l’on l’évince tout simplement en évitant de l’accepter, on l’exclue en cultivant ainsi l’hypocrisie, lâcheté et stupidité. Je voudrais rappeler que l’idée et la lucidité sont les perceptions différentes. Il est facile de formuler et raisonner l’acheminement des pensées, mais pour éprouver de la lucidité il faut faire des efforts particuliers, à savoir: des efforts pour cesser de maintenir la stupidité, les aspirations envers la sincérité. Et si une personne est extrêmement sincère, aspirant la lucidité, comme quelqu’un qui se noie aspire à avoir une gorgée d’air, il lui suffit de lire ces phrases et il aura immédiatement une lucidité absolue en atteignant ainsi «l’intégrité unique». Mais puisque de telles personnes n’existent pas j’utilise alors les pratiques intermédiaires, en créant des îlots de lucidité intermédiaires.

    Si quelqu’un dit qu’il «a atteint l’intégrité unique», il affirme ainsi ne jamais éprouver d’EN, mais toujours des PI vives, il est alors facile de dévoiler le menteur, à moins qu’on ne tombe pas dans la stupidité sans limite et n’imagine une personne en contrariant le bon sens.

     

    02-01-12) Examinons un concept, par exemple: «Mon mari souffre parce que je fais l’amour avec mon ami, je suis coupable de ses souffrances». Mets-le en doute: «Est-ce que c’est moi qui le fais souffrir? Je ne fais que suivre mes désirs joyeux, et je le lui ai expliqué. Est-ce que ce n’est pas lui-même qui se fait souffrir en interprétant mon comportement comme une injure, comme mon indifférence envers lui?» On peut trouver un contre argument à cela. «Exact, il l’interprète ainsi, ceci est son défaut, pourquoi lui faire mal quand même?» On pourrait répondre à cela que beaucoup de personnes veulent quelque chose de moi, et pratiquement avec tout mon acte je «fais» quelqu’un souffrir, qu’il n’y a tout simplement pas de moyens d’épargner la personne de telles souffrances, elle ne peut le faire qu’elle-même, avec ses propres efforts. Ton mari te demande de respecter 10 règles, et toi, tu peux essayer de les respecter, mais tes désirs joyeux vont commencer à s’étouffer, ainsi que la joie de vivre. Et lui, bientôt il inventerait de nouvelles règles dont le non respect de ta part «provoquerait» de nouveau son agacement, ressentiment, inquiétude, etc. Cela montre bien qu’il ne veut tout simplement pas vivre autrement. Encore un contre argument: s’il souffre malgré lui, qu’il raconte alors ce qu’il a fait concrètement pour ne pas souffrir, pour changer.

    L’enchaînement d’arguments et contre arguments peut être prolongé, ce que je conseille de faire en dressant une liste, la plus complète possible, d’arguments, contre arguments et contre contre arguments, pour que rien ne reste à l’ombre, pour que tout argument connu soit considéré. Parle aux autres: ils vont certainement avoir des arguments «pour» et «contre» que tu n’as pas trouvés.

    Finalement, il sera clair qu’il n’est pas possible de prouver quoi que ce soit, la chaîne d’arguments et contre arguments est infinie, mais ce qui restera inchangé c’est ton sentiment de culpabilité, tu vas vivre de sorte comme si ta culpabilité était prouvée. Attaque le concept: reviens tout le temps à ce sujet, prends tes notes et relis tes arguments, atteins la lucidité à propos du fait qu’il n’y a pas de raisons de croire que tu es «coupable» des souffrances de ton mari. Oppose le fait qu’il est clair qu’il n’y a pas de raisons de considérer le sentiment de culpabilité dans cette situation comme juste et le fait que ce sentiment apparaît quand même. Répète cet exercice 100 et 1000 fois, fixe le fait qu’il n’y a pas de raisons de ressentir la culpabilité, mais le sentiment est là, jusqu’à ce que finalement un sentiment de lucidité de nouvelle qualité n’apparaisse, accompagné par un autre niveau de liberté par rapport au sentiment de culpabilité dans ces circonstances.

    Certes, il est impossible ni prouver ni nier ce concept, puisqu’il emploie les termes ne signifiant rien de concret, notamment: «coupable», «juste», «il faut». Par exemple, le mot «l’amour» est compris différemment par chacun, il consiste d’un ensemble non figé de perceptions incluant souvent des EN aussi destructrices que la jalousie, agressivité, apitoiement sur soi-même. Personne ne réfléchit à l’ensemble des perceptions qu’il appelle «l’amour». Cela n’empêche d’en parler, en discuter, «se comprendre», bien qu’il soit parfaitement clair qu’aucune compréhension n’est possible jusqu’à ce qu’il ne soit défini de quoi exactement il s’agit.

    Il est impossible d’atteindre la lucidité sans avoir remplacé tous les mots parasites par les mots ayant pour toi un sens concret, néanmoins, même sans avoir fait le travail pareil il est possible d’atteindre la liberté par rapport à l’emprise de concepts de la manière décrite ci-dessus. A une certaine étape de considération des arguments et contre arguments le nonsense du concept est susceptible de devenir évident.

    Une analyse successive de concepts abstraits met aussi vite leur absurdité en évidence. Par exemple, si on se posait la question suivante: «Lorsqu’une personne change, change-t-elle ou bien reste la même?» C’est une question simple, n’est-ce pas? Quelqu’un dirait avec assurance – «c’est la même personne, juste changée», l’autre répondrait avec pas moins d’assurance: «c’est une autre personne puisqu’elle a changé», et cette assurance ferait naître d’autres concepts, propres à chacun. Examinons cette question de près.

    Il parait évident que si des idées, émotions, désirs et sensations ont changé (le corps a changé de position, ce qui veut dire que les sensations ont changé aussi, et même la composition chimique du corps, certaines particules l’ont quitté, d’autres apparu), cet endroit possède alors un autre ensemble de sensations, c’est-à-dire une autre personne, et la différence peut être énorme de sorte que l’approbation changerait en haine, l’envie d’étreinte en envie de frapper.

    Tout change constamment. Mais si une personne devient une autre, il se trouve alors qu’il n’y en a un qui cherche à atteindre un objectif et l’autre qui l’atteint? C’est moi qui approche ma cuillère de la bouche et elle atterrit dans la bouche d’un autre? L’autre verrait le succès et l’échec, «moi-même», je n’aurais aucun résultat, et même celui qui l’aurait ne s’en servirait point – ce serait encore une autre personne… Personne ne partagerait cette conclusion, et même si quelqu’un faisait semblant d’être d’accord, on pourrait lui demander alors pourquoi il continue à chercher ses objectifs si c’est un autre qui se servirait du résultat. S’il répond qu’il «s’en fiche», prends alors ses affaires et emporte–les – tu verras qu’il ne se fiche pas que quelqu’un d’autre emporte les résultats de son travail. Il se trouve qu’il n’y a rien d’évident ici.

    Admettons maintenant qu’une personne reste la même. Mais là il apparaît tout de suite une contradiction suivante: si elle reste la même, de quel changement il s’agit alors? Ni l’une ni l’autre alternative n’est possible. Il se peut qu’une personne reste soi-même, mais changée? Mais c’est quoi exactement qui reste inchangé? «Moi»? Mais la perception du «moi» n’existe pas, et les perceptions qui existent sont toutes changeantes.

    On en arrive à une impasse condamnée, par conséquent, les concepts abstraits «les gens changent» et «les gens ne changent pas» perdent leur importance, s’en vont des raisonnements et du dialogue intérieur.

    Examinons le concept du «passé et futur». Lorsqu’on dit «il y a une orange», on sous-entend que ce n’est pas une simple pensée «une orange» ni une image d’»orange», il y a en plus une énorme diversité de sensations qu’on appelle «le goût d’orange», «le toucher de l’écorce d’orange», etc. Si le passé existe, excepté les pensées»c’est du passé», il existe aussi d’autres perceptions du passé. Si auparavant j’éprouvais quelque chose et maintenant c’est une autre chose, on dirait alors qu’il y a eu un changement. Ce qui veut dire que la notion du «changement» se fonde sur le concept abstrait de l’existence du passé, présent et futur.

    Pour pouvoir comparer il me faut vivre le «moi du passé» et ensuite l’opposer au «moi du présent». Comment faire cela? Se rappeler de ce que j’ai vécu hier? Mais ce ne serait pas du passé, ce serait les idées qui existent maintenant, au présent. Je peux dire: «Hier j’avais de la joie», mais ce ne sera pas «hier j’ai de la joie», ce sera soit l’idée qui existe maintenant, soit en plus la joie que je ressens maintenant. Toutes les perceptions sont ce qui se passe maintenant, ou, pour être plus précis, c’est ce qu’il y a, parce que le mot «maintenant» part du concept de l’existence d’»auparavant» et «plus tard».

    Il en suit une conclusion suivante: les mots «présent, passé et futur» ne signifient que des ensembles de perceptions existant «maintenant», et pas quelque chose qui existe «pas maintenant». Ce qu’on appelle «passé» se révèle, par exemple, comme une émotion accompagnée par «c’était passé hier» et une image accompagnée par la même idée.

    Ce qu’on a appelé «un changement» se révèle comme une image accompagnée par l’idée «c’était ainsi, et ça a changé de telle manière».

     

    02-01-13) L’un des moyens les plus simples d’éliminer les concepts est de les tester en pratique. Mais cette méthode apparemment basique ne s’utilise presque pas, puisque, au lieu d’examiner ses expériences, les gens essayent de les incruster dans un concept. Si l’on a le concept «faire l’amour à une belle fille est très agréable», il en résulte le désir mécanique (DM) de faire l’amour à celle que l’on croit belle. Mais, à chaque fois qu’une belle fille se révèle jalouse, insensible, stupide et négative envers les relations sexuelles, on l’explique par «la différence des tempéraments» et continue à lui redonner ce qu’on ne comprend pas et enlever ce à quoi on est sensible. L’insincérité et l’absence d’analyse cohérente mènent à ce que l’on manque d’expérience permettant de confronter la réalité – on fait connaissance avec un fantôme inventé dont on se sépare plus tard, par la suite le concept reste le même et le cycle se répète.

    Si l’on croit que la plupart des physiciens sont intelligents, on n’a qu’à le vérifier. Observons-les en leur posant des questions et en analysant les réponses. Si l’on croit que les philosophes sont sages et les écrivains sont mystérieux, on a à les examiner honnêtement sans avoir peur de voir la réalité, telle qu’elle est.

    On ne communique avec aucun individu en tant qu’une personne réelle. On complète chacun d’un coté ou de l’autre, puis on communique avec l’image inventée. Cela concerne d’abord ceux qu’on «connaît» depuis longtemps. Autour de ces fantômes de nombreux mécontentements apparaissent, y compris l’attachement, jalousie, ceux-là forment à leur tour des nuages entiers de dialogues intérieurs mécaniques (DI), et cela peut se passer de sorte que, durant des dizaines d’années, l’on essaye de se justifier devant ses parents et ses amis dans son DI et ses actes. Comme la «communication», dans les discussions réelles, ainsi que dans les DI, se passent avec un fantôme il n’y aura certainement pas d’»explication», pas d’entente, le fantôme poursuivrait son existence comme avant et provoquerait des EN.

    Le moyen très efficace de détecter et d’éliminer les cotés inventés de quelqu’un est de faire des approches successives à chaque étape desquelles on fait son «portrait», de déterminer notre attitude envers lui; par exemple, en faisant des connaissances par Internet on fait d’abord notre opinion à partir d’un message de quelqu’un, puis d’un autre, ensuite selon la correspondance plus approfondie, une conversation téléphonique, une rencontre qui suit, etc.

    Ce qui facilite le processus de compréhension de notre attitude envers la personne c’est une liste de qualités, laquelle on relit en mettant les notes. Au début, les résultats intermédiaires vont être très différents, mais au fur et à mesure qu’on obtient de l’expérience en termes d’éliminations de cotés inventés et négligés, notre attitude du début va correspondre de plus en plus à l’attitude finale. Les plus vives sont nos EN le plus automatique sera notre comportement, le plus difficile il sera de distinguer nos perceptions et faire l’analyse successive.

     

    02-01-14) Prenons l’exemple de l’interprétation de «la solitude» ou «être parmi les gens». L’une est facilement échangeable avec l’autre, cela dépend du sens qu’on met dans le mot «solitude». En étant parmi les gens on peut se considérer seul et avoir la même EN, de l’autre coté, en se retrouvant dans une pièce vide on peut croire qu’on fait partie d’un groupe quelconque et éprouver soit l’EN soit PI selon notre choix.

    Par analogie avec la pratique de la perception cyclique appliquée par rapport aux EN on peut avoir la même pratique à l’égard des interprétations. Comme résultat, l’apparition automatique des interprétations sera moins fréquente, on aura la possibilité d’atteindre la lucidité et éprouver les éclats de lucidité.

     

    02-01-15) Est-ce qu’il existe une perception concrète qu’on pourrait nommer «moi»? Des émotions, idées, sensations et désirs sont attribuées à un certain «moi» dont on n’a pas de perception, ainsi qu’il n’y a pas de perception d’»appartenance» d’un désir ou une idée à quelqu’un. La description exacte de cette situation est suivante: dans l’ensemble des perceptions il existe des pensées qui incluent le mot «moi», qui ne signifient pourtant rien de concret, c’est-à-dire que ces pensées sont des concepts. Pour éviter l’ambiguïté, définissons le mot. «Moi» est un ensemble des 5 types de perception qu’on connaît qui ni ne se déterminent pas l’un l’autre ni se relient. Il n’est pas possible de définir ces types de perception car «définir» veut dire relier à quelque chose, ce qui n’est pas possible dans ce cas-là (par exemple, une personne aveugle de sa naissance ne comprendra pas ce qui veut dire «voir», quoi qu’on ferait comme effort pour le lui expliquer). C’est pourquoi on ne peut que les énumérer. Ce ne sont que ces 5 types de perception qui font partie du «moi», rien d’autre, à savoir: des sensations, émotions, pensées, désirs et distinctions.

    Les sensations physiques (tout simplement «les sensations») sont tous types de perceptions réunies dans la notion d’une»substance physique». L’idée de»la substance physique» est un concept, puisque, si l’on reste dans les limites du témoignage sincère de nos perceptions, tout ce qu’on peut dire c’est qu’il y a plusieurs types de perceptions réunies raisonnablement dans la notion de «substance physique», notamment: les perceptions visuelles, auditives, perceptions du goût, tactiles, sexuelles, etc. Voir «un objet» est d’avoir certaines perceptions visuelles. Toucher «un objet» est d’avoir certaines perceptions tactiles. Toutes les émotions peuvent être définies par la notion de «substance émotionnelle» et toutes les idées – par la notion de «substance mentale», de la même façon qu’on définit les perceptions par la notion de «substance physique». Habituellement on ne le fait pas, par la suite il apparaît une opposition erronée des sensations aux émotions et idées, «une substance» est alors considérée comme quelque chose de réel, comme l’attribut principal du «moi», et les émotions, idées et désirs sont considérés comme quelque chose de peu réel, un attribut secondaire du «moi». La perception «j’enlève la robe» est souvent suivie par la perception «je vois les seins», ce qui permet de croire que «les seins» font partie de «la substance physique». Mais parfois ces perceptions ne se succèdent pas, par exemple, la perception «je vois le soutien-gorge» peut suivre, mais cela ne change rien puisque la raison organise tout ça en un schéma cohérent. De même, après la perception «j’entends le mot «idiot» va la perception «l’émotion de l’indignation», mais parfois elle n’apparaît pas, s’il y a la perception de l’idée que»je suis vraiment idiot». Ce que je veux dire c’est qu’il n’y a pas de raisons d’appeler l’ensemble de sensations «une substance de sensations», et ne pas appeler l’ensemble d’émotions «une substance d’émotions», ce n’est qu’une question d’habitude.

    La conscience qui différencie est une perception presque imperceptible pour ceux qui éprouvent des EN et n’éprouvent pas de PI, c’est pourquoi dans le travail de l’élimination des EN, concepts, désirs mécaniques et l’obtention de PI on le laisse à coté et on parlera pour l’instant des 4 types de perceptions.

    Prenons, par exemple, la forêt constituée de l’ensemble d’arbres et d’autres végétaux. Toute personne ordinaire sait qu’elle ne prend pas la forêt comme un organisme vivant à part de ce dont elle consiste. La forêt n’est qu’une désignation. De même «moi» n’est qu’une désignation de la forêt constituée de 5 types de «végétaux». Cette affirmation mène à la liberté. Toute la vie on pense qu’il existe un «moi» profond, des mystères de «moi», conscience supérieure, subconscience et d’autres tréfonds où il est presque impossible de pénétrer. On pensait, que tout ça est exceptionnellement compliqué, incompréhensible et entremêlé, que la voie de liberté ne peut être découverte que par une personne géniale, «spirituellement» riche.

    Et il se trouve que «moi» n’est que 4 types de perceptions, c’est tout! Il n’y a personne pour être mécontent – il n’y a que des mécontentements. Personne pour essayer d’atteindre des PI – que le désir joyeux d’éprouver des PI. Personne n’est imbécile – seulement la perception d’imbécillité qui peut être éliminer une fois le désir de l’éliminer apparu. Personne pour être attaché, personne pour libérer. C’est comme si dire à un prisonnier, qui s’imaginait d’innombrables rangs de murs et de cellules, qu’il y a un mur devant et derrière, à gauche et à droite de lui, en haut et en bas – et c’est tout! Au-dessus du plafond il n’y a pas de mur de «conscience supérieure», et une fois le plancher brisé – dessous il n’y aura pas de mur de «subconscience», là c’est la liberté, là c’est le monde infini des PI. Imaginez quelle joie, certitude et détermination cette nouvelle va procurer au prisonnier! Vous êtes le prisonnier, et je vous donne cette nouvelle joyeuse, j’ai brisé le mur et j’y ai trouvé la liberté, maintenant j’écris cette simple consigne pour que n’importe qui puisse s’en servir. Prenez plaisir de la connaître, réfléchissez-y, cajolez-la et rendez vous compte que la liberté est tout près et vous pouvez la prendre à toutes mains, à condition de s’y mettre avec persévérance, attention, détermination et anticipation.

    Dans l’examen du concept du «moi» les méthodes décrites au-dessus sont employées, mais, en supplément, je propose encore une, notamment: la pratique de «conscience de l’absence». Cette pratique peut être efficacement employer pour éliminer les concepts possédant la même caractéristique que le concept du «moi». Imaginez que j’ai un concept de force invincible, à savoir qu’un rhinocéros habite dans mon appartement. En observant de manière la plus attentive, en écoutant et essayant de flairer, tard ou tôt j’aboutis à une conclusion que apparemment il n’y a pas de rhinocéros, en tout cas je n’arrive pas à trouver les traces de son existence, c’est pourquoi, jusqu’à ce que ces traces apparaissent, je vais vivre comme s’il n’y en avait pas. C’est très facile, pourtant on croit tous dur comme fer que parmi les perceptions il existe une bête – «moi».

    En général, ma pratique est très simple. Il ne faut pas faire quelque chose d’incompréhensible pour des «biens» aléatoires à venir, croire à ce que ces «biens» incompréhensibles viendront si l’on se prive de ce dont on a envie maintenant. La voie de la sincérité est différente – si on a compris que ceci ou cela est une illusion, il n’y a pas de retour, il n’est pas possible de retourner en arrière dans la foi aveugle. Les résultats des efforts appliqués sont visibles tout de suite et on en prend plaisir tout de suite après avoir éliminé des EN, on ressent tout de suite un éclat de PI. Sur le chemin direct il n’y a pas de successeurs ni leaders. Chacun suit ses désirs joyeux, et lorsqu’une PI apparaît, on se sent pionnier et on l’est.

    Pour arriver à se rendre constamment compte du fait que le mot «moi» n’est qu’une désignation de toutes les perceptions, il faut faire tout le temps des efforts – les efforts pas moins stables que ceux qu’on fait pour contrôler de manière absolue et incessante nos EN. Il faut vaincre l’habitude d’imaginer une bête qui existe à part. Pour moi c’était plus facile à faire en triant les perceptions que j’avais – ceci est là et cela aussi, rien d’autre ne se perçoit.

    L’un des obstacles pour atteindre la conscience de l’absence est le fait que le mot «moi» est enraciné très profondément dans notre langage. On l’utilise des centaines de fois pendant la journée, en soutenant les concepts liés avec. C’est pourquoi il est très efficace de s’abstenir d’utiliser les mots «moi», «toi», «elle», en les utilisant dans la communication avec ceux dont la réaction prévue représente de l’intérêt (au travail, par exemple). A la place du mot «moi» j’aime utiliser «cet endroit», au lieu de «je veux» on peut dire «il y a une envie», au lieu de «je pense» – «il y a une idée».

    La pratique de la conscience d’absence de «toi», «elle» est analogique, à savoir qu’on se rend compte que les perceptions de «la vue des fesses», du «son de la voix», du «goût des tétons», du «toucher de la foufoune avec la langue», l’attraction, tendresse, etc. existent, et la perception d’»elle» n’existe pas.

    Une perception extraordinaire naît d’une telle lucidité. Une interprétation mécanique de cette perception comme «la solitude» peut apparaître, mais ce n’est pas «la solitude», puisque la solitude, c’est quand il y a «moi» et un inaccessible «toi» et des EN à ce sujet. Cette perception nouvelle résonne avec les mots «illimité», «ouverture». On ressent la liberté tranchante et menant aux larmes de joie, la liberté de ne plus avoir cette éternelle peur de solitude qui se révèle telle une bulle de savon. On découvre, que toute notre vie, nos objectifs et valeurs ont été construits sur la foi en «un spectateur», «un autre». Les gens jouent un spectacle absurde et interminable dès la naissance jusqu’à la mort. Maintenant cette chimère s’est explosée, et alors? Devant nous, tels les chatons espiègles, les désirs joyeux provoquent les perceptions illuminées non pour «quelqu’un» ni «à cause de», mais provenant de l’aspiration indomptable. Toute la vie on jouait aux échecs avec soi-même – on s’imaginait un adversaire, on gagnait et perdait, ressentait de la fureur, mécontentement, irritation ou engouement. Et tout à coup on lève les yeux… il n’y a personne! On a l’alternative – soit le moisi des mécontentements, soit le voyage à travers le monde infini et merveilleux des perceptions illuminées.

    L’habitude de s’imaginer des «sujets» et «objets» est très forte, il faut tout le temps faire les efforts de sincérité (c’est-à–dire, fixer les perceptions telles quelles sont, sans inventions ni enlèvements, sans censure ni miroirs trompeurs), afin de créer et fixer une nouvelle habitude, l’habitude de garder la lucidité par rapport aux perceptions qui n’existent pas et aux perceptions qui existent. Dans les circonstances différentes cela réussit avec les efforts différents. Une chose est de s’en rendre compte en restant assis sur son canapé, et l’autre – lorsqu’on discute en ayant la perception des cris de colère ou des étreintes de tendresse. Des interprétations fausses apparaissent, par exemple, «s’il n’y a personne, pourquoi avoir de la tendresse?» La question n’a pas de sens, puisque le mot même «pourquoi» présuppose l’existence d’un sujet quelconque qui prend la décision, ainsi que le fait qu’il n’y a pas d’envie de ressentir de la tendresse. Mais tout est très simple: il y a le désir joyeux de ressentir de la tendresse, le plaisir de la tendresse, l’envie d’augmenter cette perception, l’envie d’augmenter cette envie de ressentir de la tendresse, et la force de ces envies agit sur l’envie de laisser tout comme il est, de revenir dans le noir des EN et imbécillité.

    Il n’est pas possible de calculer dans quelles circonstances il est plus simple de stabiliser cette lucidité – en restant dans la solitude de caverne, ou, au contraire, dans le tourbillon de la foule. Cela dépend non des circonstances mais du fait de suivre ses désirs joyeux.

    On se trompe deux fois de plus avec l’illusion du «moi», d’un coté, en croyant que nous et les autres comportent ce «moi», de l’autre coté, en croyant que dans un caillou, un arbre ou une plante il n’y en a pas, ce qui est faux, évidemment, puisqu’une telle perception comme «il n’y a pas de moi» n’existe pas, sans parler du fait qu’il n’est pas clair d’absence de quoi il s’agit. Si un mot quelconque ne signifie aucun ensemble concret de perceptions, on ne peut rien en dire – ni qu’»il» existe ni qu’»il» n’existe pas. L’émotion, idée, sensation y sont, mais la perception «moi n’existe pas» n’y est pas. Ce n’est pas difficile à comprendre. Ainsi, encore une facette de la pratique ayant pour but d’atteindre la lucidité par rapport à l’absence de perception du «moi» consiste en le fait qu’on se rend compte que la perception «moi n’existe pas» n’existe pas. La suite naturelle du développement de cette pratique est la pratique «ni rivière ni montagnes» laquelle est décrite dans le chapitre sur la conscience illuminée qui distingue.

    En employant cette méthode successivement, on peut atteindre la lucidité par rapport aux concepts abstraits fondés sur la distinction mécanique. On regarde un caillou dans la mer et on conclue que le caillou est une chose et la mer est une autre. La conclusion est basée sur le fait qu’on voit la frontière entre la mer et le caillou, et qu’elle existe aujourd’hui et demain et dans un an. Si l’on observe un brouillard léger, il est plus difficile de constater que le brouillard est une chose et l’air est une autre, puisque le brouillard se disperse de manière indistincte dans l’air. Pourtant, on le sait parfaitement bien que le caillou se dispersera dans la mer dans un million d’année, notre conclusion alors est assez relative. Comment un être qui ne vit qu’une journée peut-il avoir un jugement sur le monde? Il pourrait créer de telles représentations du monde qui nous paraîtraient parfaitement absurdes.

    Examinons la question de l’autre coté: on fait la conclusion sur l’existence de deux objets différents parce qu’il y a une frontière distincte entre eux. Mais entre l’œil et la paupière il y a aussi une frontière pas moins évidente que celle entre l’eau dans la mer et le caillou. Est-ce la raison pour croire que l’homme est quelque chose constitué de plusieurs objets différents?

    Formellement on peut le faire, et c’est ce qu’on fait dans les actions pratiques, pourtant on tient dans l’esprit que l’homme n’est pas simplement un ensemble de substances différentes, mais un organisme des plus compliqué, quelque chose d’unique. Pourquoi nommons-nous alors la mer et le caillou comme deux objets différents? Par habitude. Cet exemple montre bien le double niveau du raisonnement conceptuel.