Le contenu de la partie:
04-01) L’étude générale de la conscience distinctive (CD).
04-02) La pratique de l’oubli. La pratique de la création des images illuminées.
04-03) L’élimination du dialogue intérieur.
04-01) Lorsque je distingue un livre d’une table, le jaune du bleu, cela veut dire que ma capacité de distinguer – «la conscience distinctive» (CD) – se manifeste. Des idées, des désirs et émotions, des sensations et la CD font un tout ensemble de perceptions que je dénomme par le terme «la personnalité».
La CD peut être mécanique ou illuminée. La CD mécanique (CDM) se manifeste par l’habitude transmise automatiquement, ainsi que faute de PI. Par exemple, en regardant un arbre on dit que les feuilles, les branches et le tronc en font partie, c.-à-d. on distingue certains ensembles de perceptions en tant que des groupes à part, liés entre eux pour constituer un «arbre» unique entier. Une voiture garée à côté d’un arbre n’est pas perçue comme sa partie, puisque, en regardant n’importe quel arbre on voit quasiment toujours des feuilles et des branches, mais très rarement une voiture. Une telle distinction ne représente pas une CDM, car elle s’appuie sur des observations et de l’expérience. Mais il ne nous vient pas à l’esprit de considérer une sensation de beauté comme une partie de l’arbre, bien que, à chaque fois que je regarde n’importe quel arbre, je ressente un éclat de sensation de beauté (si j’ai des PI en même temps, bien sûr), et à chaque fois cette sensation de beauté possède sa tonalité particulière, ainsi que n’importe quelle feuille ou branche sont uniques et particulières. La raison pour laquelle on n’aperçoit pas une si énorme quantité de nuances de la sensation de beauté est qu’on la ressent très rarement, l’habitude de discerner les nuances n’est pas donc créée et ces nuances ne se manifestent tout simplement pas. Et la raison pour laquelle même une personne qui est capable de ressentir beaucoup de nuances de la sensation de beauté ne considère toujours pas la sensation de beauté comme faisant partie d’un arbre constitue un exemple de la CDM – l’on est trop habitué de croire que la sensation de beauté «fait partie de nous».
Lors de l’élimination des EN, concepts, désirs mécaniques, «mauvaise humeur» (soit des sensations négatives), ainsi qu’en ayant des PI, la CDM cède la place à la CDI qui se met à s’accroître, en même temps:
a) les distinctions injustifiées sont reconsidérées et éliminées. Par exemple, l’identification de la vue des seins comme «conforme à la décence» si les mamelons sont couverts et «indécente» s’ils sont exposés s’élimine s’il la lucidité quant au fait qu’une telle différenciation est injustifiée a lieu, ainsi que le désir joyeux d’éliminer cette différenciation.
b) même si les distinctions justifié par l’expérience restent, ils ne dominent pas de sorte à empêcher la distinction alternative de se manifester. Par exemple, on peut «voir un arbre» comme un ensemble de feuilles et de branches, mais on peut «le voir» aussi, si on le souhaite, comme un ensemble d’ombres et d’espaces entres les feuilles qui permettent d’entrevoir le ciel.
c) la distinction de grande quantité de nuances de PI a lieu,
d) ainsi que la distinction de nouvelles PI,
e) la distinction d’ensembles de perceptions nouvelles, stables et liées entre elles apparaît, la distinction qu’on pourrait appeler «les nouveaux mondes». Parmi eux – le monde des rêves conscients, le monde des perceptions hors du corps, etc. Au moment où la distinction d’un nouveau monde apparaît, l’état qu’on pourrait nommer «je suis devenu cela» se produit. Il est possible de discerner des mondes différents simultanément, c.-à-d. en même temps on peut être un individu (à ce moment-là il y a la distinction de 5 groupes de perceptions (skandhas) qui forment un individu) et un autre être dans un autre monde (à ce moment-là il y a la distinction d’autres groupes de perceptions).
La pratique de «perception cyclique de distinction» (PC de distinction) est une pratique efficace pour diminuer la CDM et développer la CDI. Par exemple, dans une pièce sans lumière on tourne sur soi-même plusieurs fois, ce qui va donner qu’on ne saura pas de quel côté on est dans la pièce, soit on a la fenêtre devant, soit le mur. D’abord on se forme la certitude du fait qu’on a la fenêtre devant soi, puis on la change en certitude que c’est le mur. A le refaire plusieurs fois. Encore un exercice: ton partenaire se penche vers la terre et fait semblant qu’il prend quelque chose et le cache dans sa main, d’abord tu te formes la certitude qu’il a quelque chose dans sa main, et ensuite – le contraire. L’objectif est d’être le plus sûr possible. «La certitude» est une certaine fixation de la CD, à savoir que quand la CD est fixée immuablement, il se produit un état qu’on appelle «la certitude».
L’exemple courant de CDM est la différenciation du «sujet de perception», de «l’objet de perception» et du «processus de perception». Une telle différenciation est efficace dans la vie quotidienne, mais il est judicieux (vue l’objectif d’atteindre les PI, la lucidité et de développer la CDI) de retenir que ce n’est qu’une sorte de distinction, pourtant, il n’y a que la perception «je vois la montagne» et pas de perception «la montagne», «je», «vois», c’est pourquoi la pratique de modification de certitude dans l’existence de «moi», «voir» et «la montagne» en certitude qu’il n’y a qu’une perception unique «je vois la montagne» est efficace pour développer la CDI.
Encore une pratique puissante – la pratique «pas des rivières, pas des montagnes». En se baladant dans la rue, au lieu de se dire «c’est un arbre», on se dit «pas un arbre», au lieu «d’un chien» – «pas un chien», et rien de plus – seulement modifier des mots en rajoutant la négation, il ne faut pas se forcer à essayer de voir quelque chose d’extraordinaire, cette pratique ne provoque alors pas de fatigue, mais de nouveaux niveaux de liberté de la CDI, de nouvelles PI.
Une pratique similaire est la pratique de fixation parallèle des choses ordinaires. En regardant une montagne on se dit que «la montagne est un tas de pierres». C’est certes ainsi et il est facile de s’en assurer. En se souvenant du visage d’une personne envers laquelle on ressent de la forte tendresse, la sensation de beauté, de la dévotion, on se dit que «son visage est un morceau de chair», ce qui est aussi vrai. Dans le cas avec la personne on est certain qu’elle n’est pas qu’un morceau de chair, dans le cas avec la montagne une telle certitude n’a pas lieu à cause de la présence de la CDM. Une telle pratique permet de distinguer de nouvelles perceptions dont on a été séparé par la CDM, et qui se manifestent en présence des autres perceptions associées avec le tout de «la montagne».
Encore une pratique efficace est l’élimination successive du dialogue intérieur (DI) mécanique. Le plus souvent les EN se manifestent et les moins fréquentes et fortes sont les PI le plus difficile il est de l’effectuer.
Les craintes du fait que la libération des fixations stéréotypées de la CD mènerait à la désorientation complète de soi sont aussi injustifiées que celles du fait que sans EN on deviendrait insensibles, tout est exactement le contraire.
L’encouragement de la CDI (soit la libération de la CD des fixations stéréotypées) résonne avec toutes les PI, ce qui nous donne encore plus de raisons d’appeler une telle CD illuminée.
J’appelle la sincérité le désir joyeux de distinguer les perceptions et de les fixer minutieusement (sans rajouts, ni additions, ni suppression quelconques). Les EN, concepts et désirs mécaniques sont incompatible avec la sincérité.
Parmi les caractéristiques propres à la CDI je distingue les suivantes: la certitude que quelque chose apparaît dans les circonstances où il n’y a pas de raisons pour la distinction ordinaire et en suivant cette certitude on obtient le résultat souhaité. Par exemple, on peut vouloir apprendre ce qu’éprouve une telle ou telle personne à un moment donné, et avoir la certitude (particulière, différente de la certitude conceptuelle, mécanique) quant à ce qu’elle éprouve. Ensuite, on peut questionner cette personne sur ses perceptions à ce moment-là et comparer sa réponse avec nos suppositions (bien sûr, la personne qui ne fait pas la pratique ne peut pas décrire sincèrement ses perceptions, elle voudrait sans doute rajouter ou supprimer des perceptions à cet endroit là, ou ne voudrait même pas les fixer, les gens ordinaires se font toujours des illusions). On peut se poser la question comment il faut agir pour obtenir un résultat souhaité et éprouver la certitude quant au bon mode d’action et le vérifier. On pourrait aussi, juste en entendant quelqu’un parler d’une personne qu’on ne connaît pas, éprouver de la certitude quant aux perceptions de cette dernière, etc. Cette caractéristique de la CDI est susceptible d’être cultivée, entretenue, débarrassé de déformations causé par les mécontentements. Seulement la liberté infaillible des EN permet à cette caractéristique de se développer.
Chaque individu a une possibilité de faire une courte expérience de la liberté de la CDM. Il y a un bref instant entre le sommeil et la veille que j’appellerais «la fusion». En s’endormant on distingue encore des bruits extérieurs – le roulement de l’océan derrière la fenêtre, le clapotis de l’eau dans la baignoire, quelqu’un parle dans la pièce à côté. On perçoit le premier, le deuxième et le troisième, c.-à-d. qu’il y a les frontières entre ses perceptions. Si l’on suit le processus d’endormissements de très près, à un certain moment, quand on est presque endormi, on peut observer un phénomène remarquable, à savoir que les frontières entre les perceptions disparaissent et il n’y a plus de roulement de l’océan, ni voix des gens, ni clapotis de l’eau dans la salle de bain, il y a une perception unique, sans frontières, la toile de la CDM est enlevée, la CDM ne fonctionne plus, et quand on est complètement endormi de nouvelles distinctions apparaissent appartenant au monde des rêves.
Les moments de fusion sont trop courts – quelques secondes au maximum, en outre, on ne peut s’endormir qu’une fois sur cent de manière progressive, et pas d’un coup, pour pouvoir ressentir cet instant. C’est pourquoi la pratique d’endormissement multiple est très utile: tu te mets à dormir en demandant que ton partenaire te réveille quelques secondes après l’endormissement (on repère le moment d’endormissement selon la modification typique de respiration). En un soir tu peux alors avoir des dizaines de secondes de l’expérience de fusion, en retenant ainsi le «goût» de la liberté de la CDM.
04-02) N’importe quel individu à tout moment de sa vie sait pertinemment qu’il s’appelle ceci et ses parents cela, qu’il est allé à cette école là, et ses amis étaient Destels, il sait quel âge il a et où il se trouve, ce qu’il veut et ce que certains gens attendent de lui, etc. Un tas d’information énorme et chaotique, qui provoque un dialogue intérieur importun et paranoïaque et alimente le FN, forme la représentation du monde mécanique. Avec ceci, seulement une partie minuscule de cette information est intéressante et souhaitable. Je veux me rappeler mes désirs joyeux, les découvertes en cours, etc., mais pourquoi dois-je me remémorer dans quelle ville et en quel pays je me retrouve, ou quel âge j’ai et comment mes voisins s’appellent? Cette information va me servir quand j’en airai besoin, pourquoi la retenir constamment?
Souviens-toi des moments où tu voulais te rappeler quelque chose et tu n’y arrivais pas, essaye d’évoquer cet état. Pose-toi la question «comment je m’appelle» et essaye d’être en état de ne pas pouvoir t’en souvenir. Normalement, cela va paraître presque impossible, mais en t’entraînant tu obtiendras les résultats stables. Fais-en une pratique formelle – évoque l’impossibilité de t’en souvenir de ton nom toutes les 15 secondes au cours d’un laps de temps choisi et fixe le niveau de l’oubli selon l’échelle de 1 à 10.
La pratique de l’oubli développe la mémoire et la transforme d’un collecteur automatique de détritus en un outil souple.
Le savoir-faire obtenu est utilisable dans la pratique de la création des images illuminées (II). Les images qui résonnent avec les PI peuvent être arrangées en un tableau entier qui servirait en tant qu’un puissant facteur illuminé. Par exemple:
*) une petite ville russe paumé, une parmi des milliers de petites villes sans importance. Un automne sec et beau, un parc tranquille, des feuilles mortes, une route poussiéreuse le long de laquelle des bancs sont installés. Des vieux sont assis par ci par là, parfois des jeunes femmes avec des poussettes et des enfants viennent. Je me trouve assis sur un des bancs en imitant un vieux d’à peu près 70 ans – mes habits, mouvements et gestes – tous fait penser à un vieillard, presque complètement marasmatique, sourd, à moitié aveugle. De temps en temps des enfants passent à côté, mais pour eux je suis comme un arbre desséché, un meuble, ils ne pourraient même pas se souvenir qu fait que j’étais là. Pourtant, moi, je ressens en permanence des PI extatiques, découvre des PI nouvelles, je fais de la pratique qui m’emmène dans un voyage à l’infini. Le monde se fiche de moi, nul n’attend quoi que ce soit de moi, ni même ne m’aperçoit. Le monde m’a complètement rejeté – un vieillard putréfié, à moitié éteint, qui ne représente plus aucun intérêt pour qui que ce soit. Il n’y a pas besoin de plaire, de faire impression, puisqu’il y en a une, déjà faite – une vieille souche à moitié moisie. Je peux, sans être dérangé, me donner complètement à ma pratique et faire mon voyage dans les sensations inouïes.
J’associe une forte détermination, l’attente, un sentiment de triomphe, la joie de combat à cette image. Mais si je «me rappelle» que je suis un jeune homme voyageant dans les Himalaya, étrange que cela puisse-t-il paraître, les PI deviendront plus faibles.
La plus concrète est l’II la plus facile elle est à retenir, l’associer avec les PI. La mémoire d’une personne ordinaire et son imagination sont abominablement faibles, et jusqu’à ce qu’on ne commence pas à les développer, ils ne nous serviront pas dans la pratique en tant que des outils valables. Je voudrais énumérer quelques exercices qui aident à développer la mémoire et l’imagination:
1) le jeu «balda» 5×5 dans l’esprit (c’est un jeu pour 2 personnes – dans un carré 5×5 au milieu on écrit un mot de 5 lettres. Les joueurs y rajoutent chacun à son tour une lettre pour obtenir un mot le plus long possible, qu’ils puissent lire de n’importe quel côté sauf en diagonal. Le gagnant c’est celui qui aurait ajouté le plus de lettres au total.)
2) le jeu de «balda» avec un carré 3×3 dans l’esprit
3) le jeu aux échecs
4) le jeu aux échecs dans l’esprit
5) la mémorisation détaillée des objets
Si j’imagine une clairière sans élaboration préliminaire, son image va être floue, un buisson imaginaire ne serait pas plus qu’une tache verte sans distinction. J’ai donc trouvé un buisson réel et je l’ai examiné minutieusement, en mémorisant de manière détaillée, l’image entière est alors devenue plus stable et sa résonance avec les PI plus forte.
Afin de pouvoir mémoriser un objet si complexe comme un buisson par exemple, il faudrait faire de l’analyse – le diviser en parties composantes imaginaires et les dénommer par la suite.
Ma description d’un épicéa que j’ai placée dans mon II commence ainsi:
La première branche qui s’élève verticalement n’est pas plus large qu’une main; ressemblant à un œil, au milieu il y a «une langue», tourné à gauche, qui ressorte en avant, «la plume» qui pousse au dessus de la langue est tournée en arrière. La deuxième branche: pousse du même endroit que la première; s’élève à droite de la première sous l’angle 30°, en forme d’un œil étiré, en bas – deux «oreilles» – la droite et la gauche, la gauche dépasse la première branche derrière et s’y colle de manière qui fait penser qu’elle est une partie de la première branche, le bout de l’oreille gauche et ses deux autres bouts à côté, en triangle ont séchés; en haut il y une langue en quatre niveaux avec une plume, à l’axe– de petites gouttes de résine; trois feuilles à gauche, en dessous de la langue, descendent en échelle; une feuille à droite à côté de l’échelle au milieu est légèrement courbé en arrière.
Et ainsi de suite. L’arbuste a 40 branches. En outre, je le divise en grands blocs et j’en fais une description générale, au début elle est approximative, ensuite, une fois l’ensemble est retenu, je peux recommencer à l’examiner en détailles. Chaque terme a un sens particulier, par exemple, «une plume» est une feuille qui s’élève sous l’angle droit par rapports à une branche de laquelle poussent d’autres «feuilles» d’un épicéa, «une oreille» est une feuille plus que deux fois plus longue que les feuilles qui l’entourent, «une langue» est composée de feuilles de l’extrémité qui se placent sous l’angle droit par rapports à l’endroit duquel pousse la branche, etc. Lorsque je me souviens de l’arbuste je «l’examine» successivement de haut en bas, en prononçant la description à haute voix (mon assistant peut suivre le texte pour voir si je n’oublie rien). Sans mémoriser la description littéralement «j’examine» l’arbuste dans mon imagination comme si je suivais le jet de la lampe électrique éclaircissant cet arbuste. Au fur et à mesure que je procède dans mon souvenir je remarque que mon «champ d’observation» s’élargit – «le jet de la lampe» couvre plus d’espace en me permettant de voir toute la branche en entier. Ensuite je «vois» deux branches en même temps, etc. Finalement, quand j’imagine cet arbuste dans mon II, le tableau entier devient plus vif, surtout si j’éprouve de la sympathie envers lui, je conseille de mettre des objets pareils dans son II, ceux qui résonnent avec la PI.
Puis, je choisis un banc, le décris en mémorisant ainsi, etc. Au début, je procède très lentement, mais l’art de saisir et faire naître des images se perfectionne.
Dans un rêve conscient je pourrais faire apparaître la perception de cette clairière et m’y retrouver, ce qui permettrait de se retrouver facilement dans la PI et obtenir une expérience intéressante.
04-03) Le paragraphe sur l’élimination du dialogue intérieur sera placé plus tard.