Français change

Error

×

Chapitre 39

Main page / «MAYA». Livre 1: Force mineure / Chapitre 39

Le contenu

    Ma dernière pêche à l’Internet – un message d’un copain de longue date – il m’a répondu promptement!  Super. Il doit rester au travail à s’ennuyer et à lire son courrier. Il me manque même un peu… Son avis est intéressant – j’ai toujours aimé lui parlé, c’est un gars qui a une bonne formation intellectuelle, il a lu presque tout ce qui est possible au sujet du développement spirituel, expert en médecine, psychologie, il a tendance à réfléchir hors des sentiers battus, il a été donc l’un des premiers à qui j’avais écrit «le message de test» – sur mes efforts et les idées de la pratique de la voie directe. C’est pas maman papa – c’est une personne qui réfléchit.

     

    «Salut, Maya!  Qu’est-ce que c’est que cette billevesée qui t’occupe… à quoi bon tu t’es laissée emporter dans de l’eau trouble pareille?  Tu étais pourtant une fille normale, intelligente…

    Ca vient d’où, cette idiotie – la suppression des émotions négatives?  Qui les a appelées négatives, et pourquoi?  Dieu nous a créés tels que nous sommes, il faut alors s’accepter soi-même tel qu’on est – voilà la voie vers la vraie harmonie, et toi, au lieu de ça tu proposes de se terroriser soi-même!  Celui qui n’a pas d’émotions ne provoquera jamais aucune sympathie chez une personne normale. Comment veux-tu qu’une bûche sèche et insensible puisse la susciter?  

    L’erreur principale de cette «méthode» est l’introduction voilée de la notion du péché, du mal, de ce qu’il faut éliminer, ce dont il faut se débarrasser. Donc, si ces «sages» ont défini les soi-disant EN comme quelque chose de négatif et de mal, il ne leur reste rien d’autre alors que nier naturellement le négatif. Même Bouddha a dit il y a des milliers d’années que la violence ne peut pas être éliminée avec de la violence, mais seulement avec l’amour!  Toi maintenant au lieu de devenir une personnalité entière, s’élever en harmonie (le mot occidental «religion» et le mot oriental «yoga» veulent dire exactement ça) tu te mets à rechercher en toi-même des ennemies intérieurs, te fendre, patauger dans une analyse régressive et te transformer petit à petit en une réflexive schizoïde. Il y a deux issus à une telle voie: tu deviens soit quelqu’un d’insensible et impitoyable avec une sexualité plutôt hyper développée, soit schizo maniaque réflexif et en combat éternel avec ce qui ne fait qu’augmenter suite à ce processus.

    J’affirme qu’il n’est pas possible de contrôler les émotions négatives. Et, en général, entamer la voie spirituelle par le combat avec elles est le comble de la stupidité, puisqu’elles ne sont que la forme, les critères secondaires d’un problème intérieur. C’est comme traiter l’angine en baissant la fièvre, tandis que cette même fièvre est la lutte de l’organisme contre la maladie moyennant la brûlure de la saloperie intérieure. Ca va pour les émotions aussi – une émotion négative extériorisée à temps est un gage du calme intérieur.

    Commencer sa vie spirituelle par la suppression des émotions n’est pas seulement inutile mais nuisible, car l’individu se supprimerait à l’intérieur et renverrait toute cette tension dans son inconscient, ce qui risquerait de provoquer finalement l’éruption de la schizophrénie et des névroses.

    Concernant les soi-disant «réalisations sexuelles»! C’est une grosse …de, ce que tu as écrit par là. Ca veut dire alors que pour être éveillé il faut devenir d’abord pédéraste, onaniste, partouzeur, sodomite et exhibitionniste!  Et les mauvais élèves seront sodomisés à plusieurs, pour augmenter le niveau de réussite?  Faites le stock de lubrifiant, mes amis, mais ne m’appelez pas, je ne suis pas un pervers. Et si l’individu est normal, il doit devenir pervers selon ton système?  Si la personne doit livrer son cul pour atteindre l’éveil selon ce système – ça me fait rire, et je me moquerai de ces pédés. Que les autres les sauvent. Ou alors, pour une femme – il faut être sautée par un bataillon de mecs? … Honnêtement, je ne comprends pas – est-ce que c’est plus sain?  Sache que la fierté de l’homme consiste en quantité de femmes qu’il a baisées, et celle de la femme est en quantité d’hommes dégonflés par elle sur cette voie.

    Ce de quoi tu écris est un mauvais plagiat d’un tantra classique, primitif et par conséquent inefficace, mais il y a une école par là, l’expérience de tentatives, et erreurs, et découvertes datant de milliers d’années, une méthodologie scientifique précise, mais lorsque du vrai porno est servi avec la sauce de la condition nécessaire du développement spirituel – c’est le comble.

    Si tu veux vraiment apprendre quelque chose de VERIDIQUE sur le sexe – je te raconterai, je t’ai toujours raconté tout ce que tu voulais, pourquoi cette fois-ci tu ne m’as pas demandé tout de suite?  Pourquoi tu t’es fourrée dans des trous pourris?  Le sexe est un acte divin, et, initialement, c’est l’extase de l’union de Siva et Sakti, de ing et yang, Rada et Krishna, le Ciel et la Terre, Lingama et Yoni, Purushi et Prakriti, du féminin et du masculin.

    Même la théologie chrétienne perverse n’a pas pu se passer de la nécessité d’avoir la Mère de Dieu – le principe divin féminin. La divinité même s’est divisée en deux points opposés – féminin et masculin – pour que l’évolution ait lieu et que la vie naisse moyennant l’union de ces points opposés. L’union et la lutte des opposées. Voilà.

    En outre, il faut savoir que chaque orifice dans le corps humain est un canal d’échange d’énergie avec le Cosmos. L’anus, par exemple, est le canal le plus sale, et un homme, qui utilise un autre homme, salit sont canal génital (le pénis) énergétiquement et désormais il n’aura pas de progéniture normale, psychologiquement saine. Même les enfants d’un pédé enlevés après la naissance deviennent homos aussi.

    On peut dire la même chose de la partouse: si Dieu voulait ça, il aurait créé Adam, Ivan et Eve. Et puis l’homme laisse une empreinte énergétique invisible sur la femme lors des rapports sexuels. La femme le fait, bien sûr, aussi, mais à un degré inférieur, puisqu’elle est le côté réceptif vis-à-vis du sperme et de l’énergie, le côté passif. Et maintenant imagine une meuf, sodomisée par un mec, baisée par un autre, et le troisième le faisant devant – dans la bouche, et tout ça en même temps. Ca donne une sorte de mélange d’un bulldog avec un rhinocéros. Une femme qui a eu beaucoup d’hommes cesse bientôt d’être femme dans le sens élevé du mot – elle est laide, même en ayant une silhouette de top modèle. Elle porte l’empreinte de tous ses mecs, toute leur saleté. Et une femme ayant plusieurs hommes en même temps est d’autant plus laide. Une sorte de Frankenstein énergétique.

    La joie et les sensations fortes dans la perversion sont procurées par la nouveauté, la force et le côté extrême des impressions, mais on ne peut même pas rêver de progrès spirituel quelconque, car la spiritualité veut dire surpasser l’humain en soi, et toi tu descends à un niveau plus bas que les animaux suite à ces perversités, puisque même les animaux n’ont pas de perversions dans le milieu naturel.

    Le triomphe et l’extase de la chair te transforment même pas en une chienne, mais pire, plus bas, donc, tout ce que tu as écrit est du délire d’un esprit fou et pervers, et pas un ésotériste.

    Et en réalité – c’est qui que tu as déterré par là?  Qui t’a raconté de telle baliverne?  Beaucoup qui, au fond d’eux, envient les bouddhas, ou bien ayant atteint juste un chouïa des sensations à peu près mystiques, se nomment gourous, éveillés, tous seuls, ils le font exclusivement pour leur EGO distingué et pseudo spirituel. Ces gens là sont dangereux pour ceux qui sont innocents et naïfs, puisqu’ils les séduisent avec de la parole douce et des jouets bon marché et de mauvaise qualité des sensations occultes passés pour de l’absolu.

    Vous êtes ensorcelés, tels des chatons aveugles, par le miaou de ce bouddha chat et vous tendez vers lui pour avoir son lait (vers l’éveil avec son aide en tant que gourou), mais vous ne trouverez que sa queue de mec à la place de la tétine pour sucer du sperme (la perversion, des maladies psychiques, des illusions, la déception) à la place du lait (la spiritualité).

    Je te dis, Mayka, laisse tomber cette billevesée avant qu’il ne t’arrive le malheur, rentre et viens à mes séminaires, il y a beaucoup de monde intéressant et vraiment spirituel chez moi, tu apprendras e bon sens».

     

    Dire que cette lettre m’a choquée c’est ne rien dire. Je ne comprends rien… non, ce n’est pas lui qui a écrit cette lettre… comment ça, pas lui, bien sûr que si. Je me suis rappelé son visage – un gars marrant, loustic, intelligent, aime discuter. Et là UNE TELLE CHOSE!! De la haine, la stupidité, l’agressivité sauvage envers la liberté sexuelle féminine, et en général, la haine féroce envers le sexe. Et c’est quoi qu’il écrit à propos des émotions négatives?  Comme s’il n’a rien lu sur ce que j’ai dit concernant la différence entre «supprimer» et «éliminer». Mais c’est une bête sauvage… Le plus horrible c’est qu’en réalité c’est un gars tout à fait normal!  Qu’est-ce que ça veut dire «en réalité»?? C’est ça la réalité!  C’est celle là et pas les images que j’ai posées sur toutes mes connaissances. Qu’est-ce qui m’empêchait de lui parler franchement avant?  Lui poser des questions pour entendre sa VRAI vision de la vie. Le plus horrible c’est que maintenant je ne sais pas – et si TOUS mes anciens amis n’étaient que des fantômes, que j’ai créés moi-même?  Comment vivre maintenant avec les gens, parmi les gens, je ne vois partout que la plongée terrible dans la haine, la honte, dans de diverses sortes d’EN?

    J’ai eu envie de lui poser encore quelques questions simples, pour voir encore plus clairement – QUELLE personne j’ai imaginée comme normale… ou bien moi aussi je n’en étais pas loin?  J’ai écrit. Envoyé. Je reste là. J’attends. Je digère. Je n’arrive pas à croire que je ne rêve pas. Je renouvelle la fenêtre – il y a son message. Et même deux!  J’ai reçu aussi une lettre de Lenka du sixième étage – elle doit être aussi au travail à l’ordi à s’ennuyer. J’ai même peur d’ouvrir son message… Je vais voir d’abord sa réponse à lui…

     

    «Tu demandes ce que je fais avec les EN?  Tu aurais dû me le demander tout de suite au lieu de te foncer la tête baissée dans une secte. Lorsque les EN ont déjà apparu, je ne fais rien, je leur permets de se dépenser, je l’observe et je l’utilise comme une source supplémentaire de l’énergie pour agir. Les émotions ne sont pas un épouvantail, mais une force!  Ca dépend de toi où appliquer cette force. A l’amour de Dieu, à la haine de l’ennemi, ou bien à la haine de soi et les processus naturels en soi – par exemple, ton soi-disant effort «ardent» – la haine de sa sphère émotionnelle. C’est l’affaire du goût, de l’esprit et de l’éducation.

    Mes émotions sont MES émotions, elles ne peuvent pas gêner.

    Ainsi, quand tu as mal à la tête, elle ne peut pas te gêner, elle a mal et elle demande du traitement. Mets tout de côté et prends soin de ta tête. Il n’y a rien d’autre de plus important. Tout ou presque tout à quoi le mal de tête peut gêner n’est pas toi, c’est secondaire, en dehors. Lorsqu’elle (les émotions) sont présentes – c’est pas grave, c’est une réponse à la vie, à un excitant extérieur. Qu’elles soient, qu’elles vivent en toi, si elles ont apparu. La seule chose nécessaire c’est l’attention envers elles. Comme un enfant capricieux demande une grande attention, ainsi les émotions. Si un enfant est grondé tout le temps «fais pas ci, fais pas ça, qu’on ne t’entende pas, tu ne dois pas te manifester, ta vie est un phénomène malsain», etc. – il grandira un louveteau sauvageon ou un crétin docile à tous.

    Les enfants font des caprices justement quand ils se sentent oubliés, ils essayent alors de faire le plus de bruit possible car ils ont besoin d’attention. Cela concerne nos émotions et notre conscience en général: l’esprit et les perceptions ont besoin d’attention ici et maintenant (pourtant l’énergie est dépensée pour des rêves et des souvenirs – pour le soi-disant avenir et le passé, pour des rêveries) – sinon elles se vengent.

    Il ne faut rien faire exprès, ni gratter ses plaies, donne-leur la lumière de ton attention, elle guérira la douleur, couvrira les plaies, cicatrisera celles qui sont infectées rapidement, et, ce qui est le plus important, NATURELLEMENT».

     

    Chouette. Bien, je n’ai plus de questions – je ne rêve point, c’est comme ça. Je vais voir ce qu’il a répondu à la deuxième question – a-t-il compris que la question est moqueuse, ou l’a-t-il prise au sérieux?

     

    «Tu demandes si l’on peut faire la fellation. Ca veut dire que tu as compris ce que je t’ai dit sur les perversions si tu poses cette question. Il faut essayer d’y voir plus clair, au lieu de s’adonner à la débauche. Voyons, voyons.

    D’abord – as-tu eu des relations sexuelles avec ton petit ami?  Si oui, c’est plus facile. Admettons, vous êtes au lit, et là il te dit: «je veux que te la prenne dans ta bouche», tu es choquée – tu as peur de prendre cette grosse et souvent malodorante chose dans la bouche, tu crains l’envie de vomir ( et bien souvent ces craintes se révèlent justes), tu as honte et tu te sens gênée, tu as peur qu’après ça il ne te respectera plus, etc.….

    Premièrement, dis-lui tout ça, il doit savoir que ce n’est pas simplement que tu ne veux pas lui faire plaisir, que le problème n’est pas en lui, pas dans tes sentiments à son égard, mais en toi.

    Ensuite, demande-lui de te faire la même chose d’abord. Finalement, c’est qui, qui veut le plus du sexe oral?  Je t’assure que les femmes aiment ça pas moins que les hommes. Juste étudiez les consignes comment faire, ou si vous n’avez pas honte, posez des questions aux copains. Toute affaire doit être accomplie savamment, intelligemment, pour ne pas gâcher la première impression.

    Bon, admettons il a refusé – tu as tout ton droit de lui refuser aussi, en expliquant que la fellation pour l’homme n’est pas indispensable, comme pour la femme. Finalement, tu n’es pas inférieur, ni pire que lui. Explique de sorte qu’il comprenne que vous êtes égaux là-dessus. Il sera d’accord alors, ou il réfléchira… et sera d’accord plus tard.

    Alors, s’il est d’accord et te le fera le premier – tu auras un vrai plaisir, une sensation nouvelle, merveilleuse, et ce sera donc plus facile pour toi de le lui faire par gratitude. Les peurs et les complexes partiront. Ca se passera naturellement, sans contrainte. Mais d’abord entraîne-toi avec au moins un concombre. Ou bien qu’il prenne ton doigt dans sa bouche pour te montrer comment il veut que ce soit fait.

    Vous pouvez aussi prendre la position 69 – vous placer tête-bêche – lui sur le dos et toi à quatre pattes en t’appuyant sur tes genoux et tes coudes au dessus de lui, mais laisse-le commencer et tu le rattraperas aussitôt.

    En principe, le sexe oral n’est pas sale ( juste il faut bien se laver avant, on peut même s’aromatiser, mettre de la crème fraîche, du lait concentré sur la queue, etc.)

    La bouche est une sortie aussi bien qu’une entrée. Ses dimensions étant compatibles avec le vagin.

    Sache pourtant, que ce sexe n’est pas non plus la garantie, ni la voie vers l’éveil. Tout ça à condition que, en principe, tu ne sois pas contre le sexe oral, qu’il ne te dégoûte pas. Et si tu es encore pucelle – je ne conseille pas de commencer par le sexe oral. La femme est un sujet psychique très fin, très susceptible et malléable. La première expérience sexuelle est très importante, il est primordial qu’elle soit telle que la nature l’a conçue – les parties génitales dans les parties génitales. Mine de rien, le sexe oral, même s’il est hygiénique, est quand même une perversion vis-à-vis de la nature, quoique la plus innocente. Comme ça, de l’enfantillage léger. Mais il vaut mieux ne pas le supprimer si tu en as envie. Mets de côté la morale et l’opinion publique. C’est rien. En général, fais comme tu le sens, ne te force pas. Finalement, il vaut mieux rester sans ce gars que nuire à son goût. Tu auras d’autres gars, pourtant la psyché abîmée est difficilement réparable.

    Tu n’as pas à demander aux autres ce qui est bien ou pas. Tu dois rester attentive à toi-même et suivre ta nature. Si tu as envie, fais-le, mais ne te fais pas d’illusions alors, que tu es normale. Si tu as envie de faire l’amour avec une femme, tu devras accepter que tu sois lesbienne, et comprendre qu’il y a une anomalie en toi, puisque Dieu a créé Adam et Eve, et pas Eve et Marousya».

     

    En le lisant j’ai ressenti distinctement quelques très fortes poussées d’envie de vomir. Et c’est DANS TOUT CA qu’il vit?  Pourtant il a une femme, une amante, des enfants… Bien…

    J’ouvre la lettre de Lenka avec une certaine appréhension. Q’est-ce qu’elle m’a fabriqué?

     

    «Salut, Mayka!  C’est super que tu réapparaisses, sans toi on s’ennuie!  Tu rentres quand?  J’ai terminé mes études à la fac de psy, maintenant je fais des études pour être psychanalyste, j’irai peut-être en France pour faire un stage. Tu peux imaginer ça?  C’est quoi que tu m’as écrit par là, je ne pige pas. Tu as dû picoler ou quoi?  Bon, ne te prends pas la tête, je plaisante. J’ai lu ton délire… Ne m’en veux pas, mais je ne m’attendais pas à avoir ça de toi… et je vais te dire la chose suivante, ma chère.

    On est tous différents. Et si cette voie directe à toi allait vraiment pour ceux chez qui cette énergie de souffrance est si profondément concentrée et si soigneusement bloquée qu’une libération élémentaire et la première tentative de la diriger (la suppression des EN) provoquaient tout de suite la sensation extatique de libération qu’on appelle par là l’éveil. C’est comme courir dix kilomètres avec un sac à dos, et puis s’assoire se reposer (c’est aussi une super pratique) – et oui, je me souviens très bien – un éveil complet!  Sérieux!  Ou bien l’histoire d’Adam qui achetait une chèvre. C’est-à-dire ceux qui ont les chaussures qui font mal vont être appris chez vous de dénouer correctement les lacets. Et moi rien ne me fait mal, je vis très bien comme ça. Oui, parfois ça ne va pas, mais, en revanche, d’autres fois ça va super bien!  Tu proposes quoi alors – la guillotine en tant qu’un traitement des pellicules?

    Personne jamais ne peut éliminer ses émotions négatives, et si l’on essaye on aura la totale de la part de la mère nature. Ainsi est la Loi. Concernant la définition du but, vous n’êtes pas allés loin effectivement.

    Il n’y a bien sûr aucun danger pour personne dans tout ça, si c’est le sort de quelqu’un de perdre la tête, il accomplira la tâche sans votre chemin tordu, quant aux exercices avec sa propre conscience – quelle différence dans quel système le faire – l’individu soit s’occupe de sa personne, soit non. Et si c’est le cas, c’est clair qu’il est lui-même responsable de lui.

    Résumé:

    1. Le but mal formulé de toute la performance. Les recherches de la vérité excitent peu de gens, à mon avis, bien que ça sonne tellement mystérieux.
    2. Comment peut-on lutter contre les concepts qui empêchent de vivre si la notion même du concept est cent fois exclue conceptuellement?
    3. En réalité, les émotions négatives ne s’effacent pas chez vous, mais sont tuées, c’est-à-dire qu’elles sont utilisées comme une roue – une sorte de moteur perpétuel. A droite je les supprime de toutes mes forces – ça y est, toutes sont tuées, tout ça dégringole quelque part en bas, se retourne par là, et ressort à gauche pour cogner la tête histoire de fou – ça donne une super sensation et le rapport de conséquence est établi – l’émotion est tuée – tu l’as vécue. Une expérience!
    4. Donc, en réalité, les émotions sont soigneusement conservées et chouchoutées.

    Mais l’admettre – se priver de la source énergétique connue.

    Bien, ma chère. Toutes ses théories délirantes, sorties de nulle part, ne valent pas un clou, crois-moi, j’ai étudié tout ça. Tu penses quoi – les philosophes, les psychologues, et toute cette armée des scientifiques contemporains n’y comprend rien en émotions, et toi tu as trouvé par là un aigle qui sait tout?  Regarde le yoga!  Il n’ y a pas un mot sur le fait qu’il faut tuer les émotions négatives!  Donc, ton yogi est bidon, rentre à la maison, avant d’y perdre complètement la tête.»

     

    Et voilà. Après tout ça, pas un mot, ni même émotions négatives. J’ai tout simplement supprimé les lettres, fermé ma boite et suis partie prendre du thé. Voilà, j’ai touché à la réalité. C’est comme ça.

     

    On peut flâner sur le Main Bazar jusqu’à en avoir le tournis, en passant par de petites boutiques pour repérer d’innombrables bracelets, t-shirts, plaids, bric-à-brac, souvenirs, de l’encens… quel con a inventé le mot «encens»?  Il y a tellement de trucs ici, que même n’ayant pas de but spécial d’acheter quelque chose, après une heure de flânerie dans des magasins on se retrouve un sac avec des achats entre les mains. En me distrayant de telle manière, j’essayais de faire disparaître, tuer les souvenirs de ceux que je considérais comme mes copains, quoi que… pourquoi?  Que mes souvenirs restent, c’est quand même mon expérience. A chaque fois que j’avais un choc ou une crise, j’essayais de l’évincer de ma conscience, l’oublier, masquer, plâtrer, mais maintenant je crois que c’est un faux acte, cela fait naître certaines inquiétudes de fond, qui restent suspendues en une légère fumée, allumées comme une petite torche à l’arrière plan de la conscience. Les inquiétudes de fond… euh… quelque chose m’a piqué au vif, j’ai compris quelque chose… encore cette sensation surprenante – je viens de comprendre quelque chose, comment l’exprimer en parole maintenant, comment le transformer en mots?  Ce n’est pas la même situation que j’avais à Bodh-gayâ, puisque là je savais exactement ce que je comprenais, maintenant comme si cette compréhension a apparu à un niveau encore plus profond!  Maintenant je sais seulement qu’une compréhension est née en moi, mais je ne sais même pas – ce que c’est!  Quoi faire… «Ce que tu veux». Etait-ce ma pensée?  C’était ma pensée. Ou bien était-ce une voix dans ma tête?  Définitivement… il y a vraiment une différence entre de différentes pensées à haute voix. Jamais auparavant je n’ai essayé de définir, exprimer, fixer cette différence, néanmoins elle existe. De différentes pensées ont … une qualité différente, dirais-je, un goût différent. Mais maintenant peu importe, je vais laisser ça pour plus tard, ce qui importe c’est que cette pensée à haute voix m’a donné une idée très ingénieuse – quoi faire d’autre si ce n’est pas faire ce que je veux?  Existe-il un indice plus sûr?  Et maintenant je veux me figer… mais comment le ferais-je ici – au milieu du magasin?  Je m’en fous. Je m’assois justement sur le bordure, je m’en fiche – si l’on me regarde ou pas – je m’en fous. Je suis en train de me convaincre ou éliminer l’inquiétude?  Les deux… c’est le résultat qui compte à présent. A présent je veux répéter encore et encore l’expression «les inquiétudes de fond». A haute voix!  C’est bien que c’est toujours bruyant ici… «Les inquiétudes de fond»… je l’ai prononcé, je me suis figée, la pensée a eu lieu et a filé, en soulevant une poussière légère dans le cerveau. «Les inquiétudes de fond»… Encore une fois… m’accorder, prêter l’oreille… Sart… et pourquoi Sart? … le prénom de Sart a émergé, bien… les inquiétudes de fond… Sart … Oh! … Ca ne m’inquiète plus qui va penser quoi de moi. J’ai compris que j’ai compris!! Les inquiétudes de fond – le fond négatif. Au moment où ces deux expressions se sont formées, tout a pris sa place. Une certitude en béton est survenue de quelque part comme quoi ce que j’avais appelé les inquiétudes de fond était justement ce que dans la pratique de la voir directe est appelé le fond négatif. Il est absolument évident que le fond négatif est les mêmes émotions négatives, c’est juste qu’elles sont «étalées», enfoncées profondément, et se représentent en une couche de fond des émotions négatives. Elles n’ont pas d’éclats prononcés, et lorsqu’un tel éclat apparaît, je n’y vois qu’une simple émotion négative, souvent en ne me rendant pas compte qu’elle n’a pas apparu de nulle part, qu’elle a une couche nourricière sous forme du fond négatif. Le fond négatif… et oui… cette saloperie, comme je la vois, est très étendue dans le temps, elle peut durer des heures, des jours, des mois, toute la vie… toute la vie… Je ne suis presque jamais sortie du fond négatif ininterrompu!  Justement cette fuite des souvenirs douloureux, comme ça peut paraître étrange, le nourrit, l’accroît. Non, dans tous les cas, indépendamment de l’exactitude ou de fausseté de ces raisonnements, définitivement je ne veux pas éviter mon expérience, je veux voir le monde tel qu’il est pour moi, et si quelque chose provoque des sentiments douloureux… c’est quoi ça – «les sentiments douloureux», ils acquièrent tout de suite un autre statut, ce n’est plus de la merde, collé sur la route, ce sont déjà «des sentiments». Ca me rappelle l’histoire de la migraine qui était considérée auparavant comme une maladie des aristocrates et perçue à cause de ça non comme une maladie mais comme un signe des origines nobles.

    Après avoir fait cette découverte et changé la vision des souvenirs négatifs, la perception de la vie courante n’a pas manqué de changer – même le ciel est devenu plus clair. J’ai eu de nouveau le désir de retourner dans le cyber café pour continuer à lire mon courrier – il y avait un tas de messages.

    Natashka. Ben… j’ai peur d’ouvrir son message – qui sait ce qu’il contient! ? Quand même Natashka ne vient pas du passé aussi lointain, je la perçois de manière plus adéquate. Et bah… j’appelle le passé lointain ce qui ce passait il y a deux mois… est-ce possible – changer AINSI en deux mois… Il n’y a plus d’ancienne Maya, plus du tout, il y a tout à fait une autre créature à sa place maintenant. D’ailleurs, je n’ai pas répondu à son message concernant Daramsala.

     

    «Salut, Mayka!  Il a neigé de manière toute à fait inattendue chez nous, le froid est arrivé, tout le monde se couvre de fringues chaudes, il ne me reste que me rappeler avec sourire comment j’essayais de fuir la chaleur indienne.

    Je suis rentrée chez moi à Moscou. Au début tout était horrible, la vie m’a immergée vite et sans que je m’en aperçoive dans son marais. Tout «s’est arrangé», car j’ai dû comprendre mes certains mécontentements, le calme est survenu, l’intérêt envers certaines choses a réapparu. Il me semblait que je faisais tout comme il fallait, que je luttais contre les EN, je changeais ma vision du monde, j’agissais conformément à mes désirs, mais bientôt je me suis rendue compte que je m’étais arrêtée. J’ai cessé d’écrire et analyser, je l’ai remplacé par la lecture. Les situations provoquant des souffrances ont disparu. Tout parait normal, je ne ressens pas la lourdeur douloureuse du désespoir. Après un mois entier c’est tout ce que j’ai pu dire de ma vie!  Quelle horreur. Lorsque j’ai vu tout ça, que je m’immergeais promptement dans le marais, que je mourrais, quelque chose a semblé se libérer en moi, une sorte d’essor, et je me suis mise à me battre.

    Ce dernier temps je fais des rêves très vifs, souvent je suis consciente de tout ce qui se passe dans le rêve, je fais certaines conclusions pour moi. Les situations et conversations qui se déroulent dans les rêves sont proches à certain point à mes inquiétudes actuelles. Je fais des découvertes dans mes rêves et ensuite je me réveille pour reconstituer le rêve dans ma conscience. Puis je me rendors, en souhaitant de me replonger dans l’ancien rêve, mais d’autres évènements surviennent, pas moins vifs, très vifs, colorés.

    Dans le rêve je sens que des sentiments extraordinaires me saisissent. Le lendemain matin je ne parviens pas à reconstituer mes rêves aussi distinctement, mais certaines images se conservent. En général, je me souviens de mes rêves, les couleurs se reconstituent, ainsi que certaines perceptions. Qu’en penses-tu, c’est quoi les rêves?  Qu’est-ce que les gens ressentent en dormant, qu’est-ce qui leur arrive? Est-ce tout le temps qu’on fait des rêves, en les oubliant le matin?  

    L’année prochaine je veux retourner à Daramsala, je veux aller au Népal, dans les montagnes. Peut-être ira-t-on ensemble, ah?  Je le voudrais tellement…

    Les parents m’influencent beaucoup, l’ambiance même à la maison me rend incessamment inquiète et m’agace, parfois je craque et je le regrette plus tard. J’ai pris la décision de partir, mais ne serait-ce la fuite?  Peut-être il vaut mieux que je reste, et juste dans ce bouilli j’essaye de continuer à éliminer les émotions négatives?  Je suis retournée à cette idée à toi, parce que j’ai compris que je ne pouvais pas vivre autrement, sinon ces viles créatures me boufferont. J’y suis retournée de nouvelle manière, sans enthousiasme ardent, sans considérer cette occupation comme une sorte de procuration des impressions. Maintenant tout est autrement, maintenant là est mon espoir.

    Sinon il y a quelque chose que je voulais te dire mais je suis gênée. Là je pense – «je vais arriver à dire» et tout de suite – la honte, la stupeur, les doutes… Mais quand je pense que je ne te le dirai jamais je ne sais pas alors – à quoi bon vivre?  Pourquoi vire si le plus merveilleux tombe dans le piège de la honte?  Sinon quoi attendre de la vie?  N’est-ce pas une trahison – marcher ainsi sur soi-même? Toi tu ne comprends peut-être pas de quoi je parle… Je vais m’y décider, Mayka, je vais l’écrire tout de suite. Mayka, je t’aime. Voilà. Je suis amoureuse de toi, j’ai envie de toi, dans mes rêves je te fais souvent l’amour, dans ces rêves tu es toujours une fille, mais en même temps tu es un garçon aussi, tu comprends?  Honnêtement, je n’ai aucune expérience de faire l’amour avec des filles, je n’ai jamais pensé que je pourrais tout à coup tomber amoureuse d’une fille… et je me sens très gênée par ce que je ressens à ton égard. Tu te souviens, quand on se prenait dans les bras de façon tellement amicale, innocemment, dans ces moments là comme si tout s’enflammait en bas de mon ventre… je voulais te l’avouer alors, mais je n’ai pas eu le courage. Tu m’aideras à le surmonter, Mayka?  Je le veux tellement. Dis-moi ce que tu en penses?  Juste sois franche, d’accord?  

    Ta Natashka.»

     

    Ma poupée câline… En me rejetant sur le dossier de la chaise, je ressentais une telle tendresse… si je rentre à Moscou, tu auras de mes nouvelles, ma petite chatte passionnée. Le désir de répondre a apparu tout de suite, et, sans le reporter, je me suis adonnée à la réponse.

     

    «Ma petite Natashka… Bien sûr, je ne pourrais pas résoudre tes problèmes, liés à la recherche du sens et à la délivrance des émotions négatives, à ta place, je ne sais pas ce qui est mieux – quitter les parents ou rester, il faut plutôt suivre ses désirs. Ma raison me dit que dans une situation où il y a trop d’émotions négatives, tu pourras tout simplement ne pas arriver à en venir au bout. Et si d’abord apprendre à les combattre dans des situations plutôt confortables, ensuite il est possible de transférer ses entraînements dans des conditions plus dures. Mais ce n’est que des raisonnements, comment faire dans une situation donnée- c’est à toi de décider. Personne ne peut porter la responsabilité de tes décisions à ta place. Mais, en tout cas, je peux essayer de répondre à tes questions quand tu les poses, et je pense que quand je rentrerai à Moscou, je pourrai te serrer contre moi fort et tendrement, en regardant dans tes yeux ou te parlant, ou bien embrasser tes lèvres voluptueuses, et le fait que tu te bats avec toi-même avec les résultats variables ne change rien dans ce que je ressens à ton égard.

    Ma Natashka timide… Tu es gênée aussi de m’écrire que tu as envie de moi?  J’aime ça aussi en toi. Et ça aussi. J’aime te parler et nous imaginer ensemble… imaginons ensemble – comment ça se passera, hein?  Je veux être garçon et fille avec toi en même temps, et tu sais ce qu’on fera?  Je m’achèterai un godemiché classe qui s’attache, un peu courbé, élastique, tout à fait comme un vrai, d’abord je te ferai des câlins, comme une fille, ensuite je te prendrai comme un garçon, et lorsqu’au bout de quelques heures de câlins, frisant l’orgasme, tu décideras de franchir cette limite, tu diras»ça y est, je ne peux plus me retenir, je ne veux plus m’arrêter, ne t’arrête plus…», moi je dirai «non, ma petite, dis-moi que tu VEUX JOUIR», je t’embrasserai dans la bouche, je mordillerai ta petite langue douce et tendre, tu ne pourras pas bien sûr me refuser, et, en surmontant ta timidité tu diras – «oui, je veux jouir maintenant, je veux tellement jouir maintenant et avec toi, Mayka»… tu me serreras très fort, tu fermeras tes yeux, et moi je couvrirai tes joues, tes lèvres, tes yeux, ton menton, tes petites oreilles, tes seins de baisers… en bougeant dans toi, en te rapprochant lentement de la limite… ensuite je te baiserai plus fort, plus puissamment, en te pénétrant plus profond – aussi profondément que possible, et vague par vague le plaisir du sexe et de la tendresse déferlera sur toi, le feu en bas de ton petit ventre va se mêler avec le plaisir de recevoir mes baisers et mes câlins sur ton cou, et lorsque tu te mettras te pelotonner en t’ouvrant à l’orgasme déferlant, je serrerai fort tes seins, tes petits mamelons, en t’entrant puissamment à chaque fois, en allumant la flemme qui t’as envahie toute entière… je saisirai tes grognements, tes cris et ta respiration avec mes lèvres… je lècherai tes petites larmes… ma petite Natashka…

    Si tu veux vaincre ta timidité, je t’aiderai bien sûr, mais ça ne veut pas dire que j’ai un projet quelconque concernant tes changements. Je souhaite que les gens bougent dans la direction qu’ILS veulent EUX, et si tu veux devenir modérément libertine, et néanmoins rester timide dans une certaine mesure, c’est super… puisque ce qui excite et attire et provoque la tendresse ce n’est pas une forme définie quelconque, dans laquelle tu exprimes ta passion et ta tendresse, mais cette même passion et tendresse elles-mêmes, ce que tu ressens, quelle différence alors – si tu seras timide ou libertine avec moi?  Dans tous les cas, cela éveillera en moi les sensations réciproques. J’arrive facilement à imaginer qu’on peut être très développée et désinhibée sexuellement et faire du libertinage «le plus dépravé» en restant en même temps timide comme une pucelle, délicate… je t’imagine facilement comme ça, et j’aime cette image de toi.

    Si tu veux commencer à avancer dans le sens d’épanouissement sexuel, je peux te conseiller d’abord de te rendre clairement compte de ce que tu veux avoir exactement dans le sexe. Les notions de ce qui est admissibles ou pas bloquent l’imagination elle-même, et au cas où l’imagination est supprimée, dans la réalité il est très difficile de se comporter librement. Je te propose de faire une liste de tes fantaisies sexuelles. Le mieux c’est de le faire en te masturbant, quand tu t’approches de l’orgasme en restant quelques temps sur la limite – laisse ta fantaisie libre, laisse-la se désinhiber, être voluptueuse. Invente une scène, un sujet, une idée qui t’exciteraient particulièrement. Ne manque pas de la noter, ne jette pas cette note juste parce que la disposition sexuelle est passée et les interdictions morales sont entrées en force. Fais la liste de telles fantaisies et tu verras ta vision du monde se transformer – pas seulement dans le domaine sexuel. Fais de sorte que personne ne puisse lire tes notes – si tu les fais sur le papier, transmets-les dans un fichier, jette le papier, et sécurise l’accès au fichier. Si tu as le doute que quelqu’un puisse les lire, tu ne pourras pas être sincère avec toi-même. Tu peux y mettre aussi des sujets entiers sur une aventure sexuelle quelconque, ainsi que des scetches et fragments.

    Bon, mon museau, ne t’endors pas par là, ne cède pas à ce hymne berçant, de cimetière, chanté par le chœur de ton entourage».

     

    La nuit suivante je me retrouve au restaurant «Adjay». Chicken sizzler, je voudrais… oui, on le prépare bien ici. Je me suis trouvée une occupation intéressante… la journée de la marmotte en langue délhienne – je rencontre du monde, j’en trie ceux qui ont l’air plus ou moins intelligents – des scientifiques, des écrivains, je leur parle en abordant le sujet des émotions négatives et de leur élimination. Je leur explique tout, je réponds à leur questions et objections, ensuite on se sépare, demain il y aura d’autres gens, demain je vais tout expliquer de nouveau. Leurs réactions sont pareilles en général – impuissamment intéressées, ça se voit que les gens recherchent des impressions et ils perçoivent le sujet des émotions négatives et des perceptions de manière dont je perçois le récit de cette personne devant moi au sujet des grenouilles. Pour lui une grenouille – c’est sa vie, son travail, et notre conversation est un troc. Je vais faire style que tes grenouilles m’intéressent, et toi tu feras comme si mes émotions négatives t’intéressaient. Ainsi on communique.

    -… c’est justement dans les montagnes à l’ouest de l’Inde qu’on a trouvé ce qui paraissait introuvable – l’espèce perdue autrefois des grenouilles pourpres. C’est incroyable, car elles ont sauté sous les pieds des dinosaures – de belles grenouilles pourpres ayant une petite tête. Avant on croyais que cette espèce de grenouille soit était morte depuis longtemps, soit n’existait jamais…

    C’est curieux – de quoi il parle avec sa femme?  Avec ses amis?  Toutes ces conversations m’aident à comprendre que les gens prennent l’idée de l’élimination des émotions négatives pour quelque chose comme la recherche des grenouilles pourpres – comme quelque chose qui peut procurer des impressions, de diversifier un peu la vie, ou même ajouter une nouvelle page dans les livres de psychologie. Ils ne perçoivent pas cette idée comme quelque chose qui puisse changer leur vie en profondeur…

    -… ce n’est pas simplement une nouvelle espèce. Nous avons découvert une nouvelle branche de l’évolution!  La découverte de cette espèce nous aidera à comprendre de quelle manière les grenouilles ont évolué, sans cette découverte leur évolution serait restée un énigme pour toujours, puisqu’il n’y a aucun donnée archéologique, aucun fossile datant de cette époque. Les montagnes de Ghâts sont un trésor, et le temps qu’il existe sous son aspect originel, il faut les préserver et examiner.

    – Dis-moi, Frankie, comment tout ça changera ta vie?

    Pourquoi est-ce que j’ai posé cette question?  Il ne comprend pas qu’il ne s’agit pas d’une prime, ni d’une chaire… il ne voit pas. Ok, Frankie, je te souhaite bonne chance dans tes recherches des papillons… non, c’est-à-dire des grenouilles, ouf…

    A une table à côté – une jeune fille mignonne, une petite japonaise… Un petit corps soigné, toute petite, un peu marrante. Les genoux serrés l’un contre l’autre, elle mange proprement, concentrée. En l’observant j’ai ressenti tout à coup un éclat inattendu de l’attirance érotique. Ce n’est même pas l’envie de lui faire l’amour, c’est plutôt l’envie de la regarder tout simplement, de la caresser peut-être, embrasser, mais comment y parvenir… on a échangé deux phrases polies – elle est très souriante, sociable, mais derrière tout ça… il manque quelque chose, quelque chose ne va pas. Peu importe – je vais essayer quand même et je verrai.

    – Tu veux que je t’apprenne un peu le russe?

    Elle veut bien. Viens chez moi?  J’habite ici à côté. Elle dessine des hiéroglyphes, ça lui réussit, en s’étendant sur mon lit, elle me montre – comment mener le feutre pour qu’un hiéroglyphe soit particulièrement gracieux… elle a dessiné le mot «Maya» en japonais. Oui, c’est très beau, merci… écoute, ma petite, viens on se prend en photo?  Elle ne refuse pas. Est-ce que je peux faire une photo «spéciale»?  Elle ne comprend pas – ça veut dire quoi «spéciale»?  Oui, tu peux… je lui donne l’appareil photo, je la pose contre le mur – quand je te dirai, tu prendras la photo, d’accord?  Je prends son petit pied, habillé en une chaussette marrante, comme pour les petites filles, en fleurs, je le serre contre mes lèvres, je l’embrasse – prends la photo!  La fille est en choc, mais elle prend la photo. J’enlève la chaussette… quel petit pied, il est bon… je pousse ma langue entre ses petits orteils, je «baise» son pied, je lèche la petite plante douce, je prends les orteils dans la bouche en les suçant, je couvre le talon des baisers… Ca te plait?  Non??!!

    – Je laisse son pied, je l’approche en quatre pattes. Tu n’aimes pas??

    – Non…- elle sourit doucement, poliment.

    – C’est pas possible… comment, c’est désagréable?

    – Si… mais il ne faut pas.

    – D’accord…

    Elle enlève son pied, met la chaussette, elle se sent gênée, me regarde sans savoir quoi dire.

    – Je peux te toucher la main?

    – Bien sûr, la main tu peux, – elle me tend sa paume, soulagée.

    Je la prends pour la caresser, embrasser les petits doigts, je pousse ma langue encore entre ses doigts, je lèche sa paume, en couvrant le poignet de baisers, en remontant jusqu’au l’endroit tendre du repli du coude, quelle peau tendre… je la mordille… tu aimes?  Non??!!

    – Non…

    Ce n’est pas possible, je le sens pourtant?  Elle doit avoir toute sa chatte mouillée!

    C’est quoi que tu n’aimes pas, ma petite?

    – Voilà, regarde, – elle enlève un médaillon de sa poitrine, elle l’ouvre pour me montrer. Il y a une photo d’un garçon japonais.

    – C’est ton mari?

    – Fiancé…

    – C’est pour ça – tu ne veux pas faire l’amour avec moi parce qu’il sera jaloux?

    – Non, je ne peux pas comme ça, il est mon fiancé.

    – Mais tu as aimé?

    – Oui, j’ai aimé…

    – Beaucoup?

    – Oui.

    Je ne veux pas continuer à séduire ce petit chaton nippon. Elle me plait beaucoup, elle est très tendre, des yeux doux, elle a un goût si bon… mais je ne veux plus. Je comprends bien que si je continue à la caresser, je parviendrai facilement à la séduire et faire tout ce que je veux, je la ferai jouir dix fois, mais quoi après?  Après elle souffrira de sa «trahison», ne pourras plus regarder son garçon dans les yeux aussi sincèrement, je ne veux pas de ça.

    – Il ne comprendra pas?

    – Non, il ne comprendra pas, il m’en voudra s’il apprend, et moi je ne veux pas mentir, je ne peux pas mentir à mon fiancé. Je ne peux pas, il ne faut pas…

    Je la serre contre moi pour la rassurer – mais non, ma petite, je ne ferai rien bien sûr contre ton envie, je ne veux pas tenter de te convaincre, je comprends que c’est ta décision, ce sera comme tu as décidé, tu me plait comme ça… laisse-moi te prendre dans mes bras encore une fois et prenons-nous en photo tout simplement pour le souvenir, enlacées, comme des copines, d’accord?  Son visage s’éclaire d’un sourire – «oui, bien sûr»!  On pose l’appareil photo sur une chaise, je prends la télécommande et je serre la fille contre moi. Tiens – quand on se prend dans les bras comme des «copines», là elle est comme une vraie tigresse passionnée… Je peux te faire un bisou?  Juste une fois – comme une copine embrasse une copine?  Je peux?!  Hourra!  Je touche tendrement sa joue, son petit nez et ses lèvres avec mes lèvres… ah, quelles lèvres… encore et encore… c’est quoi ça – elle a sorti sa petite langue!  Bah, la petite pute!  J’ai léché sa langue un coup, elle a tout de suite disparu… mais elle en veut… je le sens – comment elle en veut, à quel point profondément mes baisers retentissent en elle… est-ce possible – écraser sa sexualité de telle manière… de nouveau l’inquiétude grandit en elle – notre baiser «de copine» a cessé depuis longtemps d’être un tel, je la laisse, je caresse son épaule, je la rassure de nouveau, en lui disant quelque chose d’abstrait… j’avais oublié qu’il y a des filles tout à fait ordinaires – complexées jusqu’à l’impossible. Sart, Taîga, Kam… – cela existait-il?  Quel précipice gigantesque… Qu’est-ce que je fais ici? … Je l’accompagne jusqu’à la porte. Salut, ma petite, je t’enverrai nos photos à ton mail, ok?  Bien, écris-moi quand tu veux, mon petit chaton japonais…